BENJAMIN GRIVOIS

Dans une seconde vie, je voudrais bien être équipé d’une queue en poil de chat.

Polichinelle.

Allons Messieurs, je vous vois de marbre !…ce n’est pas déjà si mal,
Benjamin, malgré les apparences, je soutiens l’homme,
Car je comprend l’animal,
Maladroit et si humain, c’est pour ta pomme,
Juste tombé sur un chacal,
Un « ar-triste » névrosé à l’affût du mal,
De la faiblesse de nos entrailles, de l’éphémère que la mort somme.


Boing ! Boing ! Boing ! …

Le champ des cicatrices est un trampoline à émotions.

Le choc émotionnel de l’Un.
Qui décolle et va marcher sur la lune.
Certains, plus distants avec l’événement ou plus éloignés de la victime, parleront d’une déception.
J’emploie le mot fracture.
Fracture cérébrale.
Le type de syndrome qui ne guérit pas.
Chacun d’entre nous, l’âge avançant, cumule ces dommages de l’âme.
Elles se voient de l’extérieur pour celui qui regarde bien.
Ces parties visibles sont nos cicatrices.
Les plus douloureuses sont invisibles.
Trop profondes à l’œil nu.
Elles nous marquent et nécessitent parfois la main tendue de la science.
Si ancrées pour quelques-unes qu’il faut un expert pour la découvrir,
Et comprendre que nous nous sommes construits autour de la plaie.

L’exercice du verre à moitié vide consiste à appuyer sur la fracture.
Le geste devient douloureux et la cicatrice une crevasse.

L’exercice du verre à moitié plein consiste à appuyer sur la fracture.
Le geste devient douloureux et la cicatrice un champ d’audace.

CHAMPAGNE !

Extrait France Info – Février 2020 : « Billie Eilish a chanté, affublée de son « pyjama couture » emblématique dans une veste et un pantalon Chanel blancs agrémentés du fameux logo en double C. Ses cheveux couleur citron vert et ses ongles noirs taillés pour ressembler à des griffes contrastaient avec l’ensemble »….

Aaaah, c’est bon la révolution !… ça déchire quand même. Boule au ventre….jeunes flippés, il est là l’espoir,

Enfin du nouveau ! Suivez moi ! De mes yeux coule du noir,

Fuck le monde ! Fuck la Planète ! Fuck le système ! En poils de culcul Chanel…Anarchie quand tu nous tiens !

Greta Thunberg sans les couettes. Et en violette,

Sans fils, la génération de pantins.

Placés « devant », par des Grands en forme de lopettes,

Impuissants, incapables de convaincre,

Prenez les au berceau, à défaut d’être,

Faites descendre les illuminés, posez les dans la crèche à la place de Dieu,

Tournez les langues avec votre stylo,

Hey Billie ! ta Merco…

…elle a les pneus roses ou bleus ?

Qu’est ce qui se vend le mieux ?

Demande aux Grands. Demande aux vieux.

TOC 50

Faisant l’effort récemment d’écouter des musiques françaises qui « cartonnent ». Au « nombre de vues ». De quoi devenir aveugle.

Mais bien sûr, voilà donc cette musique de « producteurs ».
Les auteurs, restez chez vous.

Mon cerveau a vomi.
Aux relents des oreilles.
Comme si une merde s’était écrasée malencontreusement sur les tympans.
De la même manière que nous écrasons celles des clébards de gens bien éduqués. Et qui restent collées dans les profils de nos semelles.
L’odeur est insoutenable car sous la croûte, le meilleur.
Vous nettoyez, vous nettoyez à grandes eaux,
Vous présentez le nez pour vérifier et vous vomissez encore.
Rien à faire, la merde s’est incrustée.
Comme s’incruste ces mélodies qui sont à la musique ce que l’église catholique est à la vertu.

J’ai mal à la langue française.
Ils ont assis leur cul dessus.
Il faudra bien un déca-merde pour mesurer l’épaisseur de fientes
qui recouvrent, noient un si beau dictionnaire,
Et font de deux trois mots, quelques croûtes le devant de la scène,

Regardons en arrière ceux qui flottent encore,
Ceux qui offrent aux sons les honneurs de la littérature,
Ils guident cette armée cachée des amoureux des lettres,
Qui ni ne sourit, ni ne désespère,
Qui attend son heure, son retour,
Qui sait que, pour ces musi-chier,
Deux neurones, c’est déjà un de trop,
Juste assez pour bouger des bras articulés par des prostitués de la monnaie.

La langue française vous emmerde. Et moi, avec elle.
Continuez à en abuser, à l’user, à l’exploiter, faire des billets,
Silencieuse, elle saigne mais ne se rend pas.
Et, de son épaisseur, elle vous regarde mais ne vous entend pas,
Pas plus qu’elle ne vous voit. A la hauteur de l’insignifiant.


AU PIED DU MUR

C’est encore celui ou celle qui part qui va le plus loin,
Il, elle passe le mur, semant les autres et sans ailes,
Éjectés en arrière, ils explosent, ou bien,
Vibrants, sonnés, rappelés par la mémoire, ils s’écrasent sur sa semelle,
Pèsent dix tonnes, alors qu’un ou qu’une s’envole,
Le silence les colle,
Ils rampent de mots en mots,
Balbutiant du bout des lèvres incapables,
Elles n’ont plus de forces, elles n’ont plus d’eau,
Et pourtant, elle inonde, brûle, aveugle,
Les pantins plantés là, immobiles, démembrés,
Ruisseau, fontaine terminant sa course au cœur du désert,
Liquéfiés, la gorge sèche, les gouttes pétrifiées,
Suspendues avec le temps, soufflées en l’air,
Son horloge, fracassée, piétinée, les deux mains à son collet,
Sommée de se taire, son verre planté dans la chair,
En une demi-seconde, à la vitesse du son,
Plus rapide que la lumière,
Le bang, le fracas de la disparition,
Au fond de l’homme respirant reste le disparu, il raisonne,
Il n’y a plus que l’écho qui se répète, qui sonne,
Toujours le même, car il n’y aura plus personne,
Pour d’autres voyelles ou d’autres consonnes,
Les dernières sont là, élues, belles ou aigres, peu importe,
Ce sont elles qui soulèvent ce corps, qui le portent,
L’embaument, le momifient, le gèlent,
Passé du chaud au souvenir de il ou de elle,
Du rire au malaise,
De l’air à la glaise,
L’absent a encore tort,
Il est juste mort,
De cordon à chaîne puis à ficelle,
L’eau s’engouffre, l’anneau chancelle,
Et t’as beau dire,
Et t’as beau faire, y’a rien à dire,
Y’a rien à faire.