EN TEMPS MASQUÉ

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...s’asseoir sur un banc quelques minutes avec toi,
et regarder les passants,

Quand y’ en a…..

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Le vent frais frotte les mollets.
Sensation terriblement grisante…j’ai presque honte…je me sens bien…
Promenade en ville. Sans masques et sans gants.
En semi-liberté. En short…Presque provoquant.
De loin, il donne l’impression « qu’il est détendu le monsieur, Maman.. ».
« Ne regarde pas, c’est un scandale. Viens, restons sur le trottoir… ».

A t’on idée de se sentir sans entraves dès lundi matin ? ….j’évite quand même les doigts à la bouche…même inondés de gel, ils se sont confrontés à un demi pouce au carré d’une porte en fer fréquentée par tout le monde…
C’est l’aventure. Mad Max est assis dans un square…si la police le cherche….
…Par contre, s’il vous plaît, prenez des gants messieurs, il est susceptible.

La liberté de l’année passée, l’année 2019, est encore sous scellés.
L’Homme n’a pas de bracelet électronique au mollet. Il est dans la tête.
Il peut ignorer, faire fi, se sentir intouchable, abandonner même.
Il reste sous bracelet électronique cérébral.

Y compris lorsque le trublion aura été vaincu.
Lorsque tu sais que des pénibles peuvent revenir chez toi, tu fermes ta maison à clefs.

Nous vivrons avec ce souvenir. Il ne s’effacera pas.
Sauf chez les imbéciles….toujours heureux, ces cons là !
Un coup de canif se soigne, se résorbe et laisse une trace violette.

Une bonne nouvelle est de ressentir que les temps heureux le seront encore plus. Le sentiment d’insouciance, lorsqu’il se présentera, libre de contrôle de ceci ou de celui-là, atteindra son paroxysme. Leur succession fera tomber le bracelet.

Je me remet en mouvement.

Le simple fait de m’écarter des gens sur un trottoir récolte un « merci » discret mais reconnaissant…Formidable. L’espoir vise à croire que cet instinct de détente peut se transformer. En « bonjour » sans anticipation et sans autre ambition que d’humaniser un croisement.

C’est alors que nous aurons repris la mesure de la cohabitation humaine.
La certitude qu’un regard ne fait pas de mal.
Qu’il n’est ni ridicule.
Ni une forme d’abaissement.
Nos anciens étaient non pas mieux élevés. Ils avaient cependant encore un temps dédié à l’autre.
Celui d’un micro-partage de l’espace et du temps.
Entre deux humains qui se croisent ici et maintenant.
Après tout, ils respirent au même endroit, au même moment.
Ils sont bien liés. Quoiqu’on en pense.
Ce n’est pas une coïncidence.

En 2020, le temps est denrée rare.
Même passé au révélateur du confinement, il n’aura pas survécu.
Il est un virus faible.
Et pourtant, il est unique libérateur.
Un respirateur du vivant.

C’est notre évolution de la performance, des valeurs et de la définition de la réussite qui nous ont mis en concurrence….
Le temps n’a rien à voir avec la compétition.
Il échappe à l’ambition.
Il ne serait que celle des faibles.

Rien n’empêche cependant un quidam de prendre une tangente.
Et de choisir d’arpenter un autre chemin.

BOUT DU NEZ

Le bonheur n’est pas « au loin ».
« Là-bas », au milieu des fleurs et de lagons.
Inutile de pédaler 8000 kilomètres.
Fantasme d’impuissance.
Qui vise à confondre la quête du beau avec celle de la quiétude.

Le bonheur ni ne se monnaye,
Ni ne s’échafaude à force d’objets et de boulimie des sens.
Le confort, si.
Ce dernier, je le nommerai « Le bonheur acquis ».

Alors que je vous parle du bonheur inné.
Le nu.
Celui des sensations de cervelle.
Ou charnelles.

AU PIED DU MUR

C’est encore celui ou celle qui part qui va le plus loin,
Il, elle passe le mur, semant les autres et sans ailes,
Éjectés en arrière, ils explosent, ou bien,
Vibrants, sonnés, rappelés par la mémoire, ils s’écrasent sur sa semelle,
Pèsent dix tonnes, alors qu’un ou qu’une s’envole,
Le silence les colle,
Ils rampent de mots en mots,
Balbutiant du bout des lèvres incapables,
Elles n’ont plus de forces, elles n’ont plus d’eau,
Et pourtant, elle inonde, brûle, aveugle,
Les pantins plantés là, immobiles, démembrés,
Ruisseau, fontaine terminant sa course au cœur du désert,
Liquéfiés, la gorge sèche, les gouttes pétrifiées,
Suspendues avec le temps, soufflées en l’air,
Son horloge, fracassée, piétinée, les deux mains à son collet,
Sommée de se taire, son verre planté dans la chair,
En une demi-seconde, à la vitesse du son,
Plus rapide que la lumière,
Le bang, le fracas de la disparition,
Au fond de l’homme respirant reste le disparu, il raisonne,
Il n’y a plus que l’écho qui se répète, qui sonne,
Toujours le même, car il n’y aura plus personne,
Pour d’autres voyelles ou d’autres consonnes,
Les dernières sont là, élues, belles ou aigres, peu importe,
Ce sont elles qui soulèvent ce corps, qui le portent,
L’embaument, le momifient, le gèlent,
Passé du chaud au souvenir de il ou de elle,
Du rire au malaise,
De l’air à la glaise,
L’absent a encore tort,
Il est juste mort,
De cordon à chaîne puis à ficelle,
L’eau s’engouffre, l’anneau chancelle,
Et t’as beau dire,
Et t’as beau faire, y’a rien à dire,
Y’a rien à faire.

CACHE A L’EAU

Rien de géant…et pourtant,
Une brèche dans la pierre, un creuset,
Un monde à part, dans un rocher insignifiant,
De l’eau des vagues salées s’est engouffrée puis s’est installée.

Parfois, une nouvelle inondation.

Au cœur de cette eau limpide,
Protégée de parois aux films d’or,
Elle flotte, immobile, verte translucide.
Langoureuse, lascive jeteuse de sort.

Parfois, des tourbillons.

Elle en a vu des vagues et quelques tempêtes.
Des tourments à s’arracher,
A perdre la tête,
Mais rien ne l’effraie.

Il se dit qu’elle ne serait pas assez jolie,
Pas assez grande pour être contemplée,
…et pourtant…., dans ce vase, un trésor de modestie,
La force paisible de la dignité et de la pureté.