P’TIT MERDEUX !

L’Homme connait la guerre. Et ses résultats. Il l’a faite. Elle l’a défiguré.
Pensez-vous qu’il pourrait, face aux effrois, se révolter. Cesser.

L’Homme observe sa planète Mère. Terres et mers. Il la voit se désagréger.
Pensez vous qu’il pourrait, face aux constats, se révolter. Cesser.

Non. Il ne le fait pas.

Il se réunit et dit qu’il reviendra faire une ronde,
L’Homme est à la hauteur de ce qui lui sort du trou du cul.
Qu’il interroge alors son créateur sur cette conception nauséabonde,
Et comprenne qu’il n’est point de hasard à ce désagrément aigu.

Notre planète se portera mieux, nous vivrons dans ce monde meilleur,
Lorsque je chierai des fleurs.

LES TROUS DU FUT

Régulièrement, l’être humain me fait dégueuler,
Parfois, juste en l’observant,
Souvent, en regardant la télé,
Et, dés fois, simplement assis sur un banc.

Se taire et faire contrepoids à l’absurdité,
Pour ne pas en rajouter, ne pas y participer,
Ramener l’être humain à une forme de raison,
Qui prône ce silence qui vous offre déjà d’être le moins con.

Quelques milliards d’individus,
Suspendus à quelques fous du fût,
Notre Histoire en lambeaux de chair,
En morceaux de corps effacés par les vers,

L’homme charognard, mutation d’une création innocente,
D’une nature incontinente,
Se dresse tout en haut de l’arbre décharné,
Où se trouvent les bourgeons glacés, les branches desséchées,

A genoux face au trou du fût,
Cette mère se mêle au sang de cet enfant qui fut,
Implore du temps un retour en arrière,
Questionne la justice de ses pairs,

Tu peux dégueuler,
Si vide que ta mémoire se cache dans tes profondeurs,
Pour disparaître, t’autoriser de nouveau à tuer,
Ou, indigne, à regarder tes pieds pour fuir tes horreurs.

Je vais retourner sur mon banc,
Observer celui avec lequel je partage tous mes gênes.
Avec mes mains maculées de sang,
Des crimes incessants de nos haines.

PENDU A LA TERRE

Parodier le suicide est déjà la synthèse du sérieux que nos concitoyens accordent de nos jours aux choses qui s’écrasent à coté d’eux.

Entendons par « chose », « le malheur de chose », de « bidule », de  » l’autre là bas ». Tu sais, le type. Là. Celui qu’avait 100 vaches et 15 hectares.

Y’s’est foutu sous son tracteur, pour finir de se labourer, se planter dans la terre.

Parodier pour alerter.

Faire sourire alors que la terre se mélange au sang et à la poudre.

C’est dire l’impuissance de l’esprit et l’abandon des nourrissants.

Les « sachants » de la terre ne sont pas justement considérés.

La FRANCE, pays de terroirs, coiffée du béret et la baguette en étendart,

…La baguette…!…tu peux t’asseoir dessus connard !

Prends une flûte, tu devrais doubler tes émotions…

L’agriculteur se meurt.

Depuis si longtemps qu’il l’apprend à l’école.

Tirer au fusil ou sauter à la corde font partie du savoir faire,

Au cas où, pour ne faire plus qu’un avec son outil, la terre,

Pour rester discret, avant que la langue ne fourche, pour savoir ne plus être,

Les gens qui se baissent, poussent et soulèvent sont libres… oui, libres de s’en mettre une dans la tête,

Parce qu ‘il faut faire vivre les chiffres,

Les statistiques, ça se respecte,

Les infléchir est fatiguant pour les sans gants,

Compter est plus facile que réduire,

Comme la vie est bien faite, la terre et la mer offrent,

Et ceux qui les travaillent souffrent,

Assez de cadeaux comme ça, profitez déjà de la magie de la nature,

Ne venez pas noircir tout ça avec le sale argent,

Point besoin de maisons de marbre et de voitures en verre,

ça, c’est fait pour les gens bien élevés,

Le grand air, c’est déjà bien payé !

Privilégiés !…

(………………..)

….Ce champ est juste l’aire du temps,

Il est préférable de « pousser des citrouilles » à 22 avec des crampons plutôt que de les faire pousser seul en bottes.

L’agriculteur se meurt.

Alors qu’il nous fait manger.

Et si je m’en remet à la chaîne alimentaire…

AU TRAIN OU L’ON VA

Sept bipèdes m’entourent.
J’observe, oreilles traversées,
Sept bipèdes qui ne se regardent pas.
Ne se touchent pas.
Ne se parlent pas.

S’ignorent même.

C’est bien là que nous en sommes,
Sept bipèdes tête baissée,
Sur un écran éclairant,
Regards lâches, fuyants,
Et la pensée dans tout ça,
Et la chaleur en moi,

Dissipe là, oublie la même,

Admets l’évolution des temps,
La tête plie, le cou bave,
Le corps se soumet, pend,
Au poids de l’écran qui, de toi, fait un esclave….

…Alors, accroche toi à la lampe,
Ne regarde pas devant,
Fais semblant,
Baisse toi puis rampe.

AUTANT DE FEUILLES QUE DE SOLDATS…

…tombés.

Pourquoi la guerre, Maman ?

…..Pourquoi ? Ah……(silence)…..Tiens, ramasse ton nounours, il est tombé derrière le siège….

…Pourquoi, Maman ?…(Sourire)…(Elle se tourne). Vous savez vous ? Pourquoi la guerre ?

(Il éteint sa musique).

…..Peut être parce que, à la fin, il y a un vainqueur et un vaincu. Comme ça, on sait qui est le plus fort.
Médaille d’or et médaille d’argent…
…La guerre, c’est une compétition du pouvoir….
Vous savez, c’est l’histoire de la taille de la bite. Dit il en rigolant…(Elle bouche les oreilles du fiston en souriant)….(elle comprend).

Pardon… en gros, c’est ça. Ajoute t’il en mimant. Petite. Grande…(silence). Je caricature. Oui. Je sais.

Mais, vous savez, nous ne sommes pas loin du bout du bout. De l’histoire du début de la haine.

La quéquette (…rebouche les oreilles) est un repère dans l’exercice du pouvoir pour certains. Un prétexte à la compensation aigrie pour d’autres.

En réalité, comprenez que je vous parle de fierté. De la fierté des cons. Capable d’envoyer à la boucherie les inconnus du bataillon. En prétextant que c’est leur mission, leur rôle. « Qu’ils sont fait pour ça », « Enfin bon, c’est comme ça »… »les meilleurs s’en sortiront, vous savez… »

Et que, en aucun cas, c’est pour eux. Car eux, ils sont intelligents. Ils gouvernent. Pour le bien de tous mais bien sur pour eux. Et dans eux, il y a surtout moi, ma gueule. Cette gueule qui parfois m’insupporte. Riche et moche. Et si tu devais choisir maintenant, mon con ?
Tout autant que cette petite quéquette. Qu’il faudra bien sortir le jour J. Avouer sa disproportion avec le pouvoir que j’ai acquis, volé ou que ma famille a acheté à coups de fusils, de grandes rivières de sang, de tortures. Raffinées évidemment. Nous sommes à la cour. Les boudoirs devant les mouroirs. Les bonnes manières de l’enfer.

Leur destin ? laisser la trace de leurs décisions…. »Bien sur que j’ai raison ». Porter blason, étoiles, barrettes me rend élégant dans l’exercice de mes fonctions.
Je suis fait pour ça. J’ai été fabriqué pour ça. Pour présider aux destinées. Fils de grande lignée. J’ai le style.
Observez bien ce pas cadencé. Je montre. Reproduisez, petites gens.
Notre force est dans notre élégance. Messieurs. De la tenue, courez droit !
De la classe pour crever, nom de dieu ! Tombez en héros !
Soyez digne de moi !

Je suis celui qui conduit les autres. Au chaud, bien nourri, études de géo-stratégie.

La stratégie du plus bel enculé, oui. Le port de tête du porc.

Vas y, p’tite bite ! Mets les les bottes, connard ! Enfile ton treillis, prend ta gourde, ta ration et sors toi les doigts du fion, laisse les tes barrettes de bourgeois de guerre. Sur ton marbre. Pars avec les fils de rien, et tu fais pareil, hein, tu dis au-revoir. Dignement, hein ! Droit. Comme à l’école, froid, le casque sur le front.

Tu salues à l’équerre et tu fermes ta gueule, tu pars à la guerre.

Adieux à ta femme, tes enfants, aux parents devant la télé qui s’inquiètent.
Parce qu’eux, ils sont encore là. Mourir de vieillesse luxueuse, certainement. Mais, possiblement, sans eux. Ceux qu’ils ont inventés, élevés.
Vite, retrouver les photos. Au moins ça, bordel. Etre certain de l’image. Classer.

Refaire l’histoire avant qu’elle ne vous échappe au nom de la gloire d’un pays, d’une cause dont certains ne savent même pas comme elle s’écrit.
Signe en bas.
C’est par là, chair pour cons. Viande pour cochons.
Pas très cher à canon.

Pour nos vieux, au mieux, un mauvais souvenir. Des histoires au coin du feu, dans le salon des fous, le lit des découpés, des fracassés.
Au pire, une caisse en bois, une croix.
Y’a pas le choix.
Une médaille, mon con ! Une médaille de bravoure.
Sois fier, mon fils, ton père est là. Non, ne regarde pas. Imagine seulement. Sois fier, nom de dieu. Sois à la hauteur. Il a fait le voyage pour toi.

Pourquoi la guerre, mon fils ? Pour sauver ta planète. En inconnu, en héros.
Il n’est pas né « assez haut » pour revenir en première.
Épingler ses barrettes bleues crasseux, vertes dégueulis sur sa veste cintrée, pantalon coincé et souliers cirés.

Et pour toi, stratège de mes deux, tu te souviens de moi ? Pas de caisse de roi. Rien. Sapin.
Comme les copains. La croix blanche dans le grand champ. Comme les copains.
Le marbre, je vais te le coller dans les poches. Que ton âme reste en bas, bien moche.
Pas de faveurs, hein !

…Tu te rappelles….Tu salues à l’équerre et tu fermes ta gueule, tu restes à la guerre.

Dans le froid, l’eau qui mouille. Tu fais avec. Garde à vous ! Garde à toi ! Respire la peur, mange ta soupe. Parce que c’est là que tu les envoies, théoricien de mes deux. C’est là que la viande à canon s’assoit. Dors, pisse. Parce qu »ils sont faits pour ça, hein ? Ils sont les gardiens de la haine. Les sauveurs du mal. C’est ça !

Des mâles pour protéger ton petit cul, oui ! Quand , dans le même temps, tu rentres, chauffeur à l’appui. Au chaud de la douche, regard condescendant, satisfait de décider.
Mais, ils ne sont que les gardiens de ta haine. De ta violence. De ta vengeance.
De gras du bide, De grand con. De triple menton.

Ils portent le drapeau de ta lâcheté.

……Car, dit il (elle ne sourit plus)….plus grave que faire la guerre….c’est prendre plaisir à faire la guerre. La penser, l’instrumentaliser la guerre. La concevoir (Elle pleure).

… Ton rôle, l’élite. Et sans toi, l’élite, point de boucherie de masse. L’intelligence en chirurgie, fabriquant de décharnés, créateur d’handicapés. Docteurs en chimie, ingénieurs en charcuterie…

….aaaaah, je m’emporte. Pardon, je vous ai fait pleurer.

…c’est rien, c’est rien. Dit elle ( elle sourit).

Comment dire tout ça à nos enfants ? (Il regarde en l’air).

Trouver une explication,……(silence), ce serait presque une façon de la « justifier ». De trouver les ingrédients. Puis les réunir encore pour recommencer.

Nous nous contenterons d’expliquer que certains hommes sont des méchants.

Et de lire, relire mille fois « Le petit Prince ». C’est déjà ça de gagné.

Ecoutez, en vérité, je préfère mettre la tête dans le sable et me dire que les grandes guerres auront été des anomalies de l’ histoire. Et parce que, en sortant cette tête du sable, je pourrais vomir….

Bonne fin de journée..

Au revoir les enfants….