DÉGUSTATION A L’AVEUGLE

Madame,

Les vins de Côte-Rôtie nourrissent les croyances de toute puissance.
« Rien ne doit s’effacer à côté d’une Côte-Rôtie », pensent-ils.
Elle est au sommet de la chaîne « animale ».
Et pourtant, une bonne Côte-Rôtie est soyeuse. Douce épaisse.
Elle est un Saint Joseph avec un gros manteau de fourrure.
Rien de brutal, de masculin ou d’épais selon moi.
Très rarement tombée dans mon gosier.

Mais la certitude que ce n’est pas dans cette bouteille que je vous ferais glisser Madame.

Dans un flacon de Blanc assurément.

Écarté le blanc rond ou « beurré ».
Écarté le sucré.
Écarté le caractériel Alsacien.
Écarté le nerveux des calanques.
Ou le surpuissant alcoolique qui chauffe le gosier

Sa vigne aura poussé dans les cailloux.
Son substrat n’est pas le plus facile à entretenir.

C’est un blanc discret au nez et qui s’épanouit dans celui qui aura la patience de le « faire tourner ». Il finira par exhaler un univers floral toujours discret d’acacia, de jasmin. Discret et élégant.
Distingué au point de nous inviter à nous redresser.
Il n’est pas prétentieux mais il prétexte un accord exigeant.

Les bouclettes, ce n’est pas si commun.
Ce vin captera leur dynamique. Leur tension ronde.
Il accompagnera une assiette jouant avec les acidités maîtrisées.

Le plat sera blanc et vert essentiellement.
Le vin aura ses reflets jaunes discrets.

Il nécessite un palais vierge au départ de la dégustation.
Et c’est le mélange avec la nourriture qui fera de lui une addiction.

En Touraine forte de son chenin, en Haute-Savoie et son gringet, à la frontière de l’Aude et des Pyrénées-Orientales où se marient grenaches et maccabeu, en Corse, il me semble que ces vins existent.

Mon palais, lui, les associe à votre personnalité.

Voilà donc pour votre mise en bouteille, Madame.

EN VILLEROUX LIBRE

Ou l’histoire du non-voyant qui nous montre la voie.

Le modèle de la personne en situation de handicap qui a ôté la carapace de morgue, retiré les couches de prétentions et gardé le polo de la simplicité.

Une cécité fondatrice d’une couche d’humilité protectrice bien cher payée.

Un noir d’encre aiguillon d’un aveuglement collectif.

Villeroux Président !!..Villeroux Président !!…Villeroux Président !!

METRO BOULOT MAGOT

Recette de la brioche perdue.

Prenez un véhicule et allez à METRO,
Prenez un chariot,
Prenez un sachet de brioches perdues congelées,
Prenez un pot de crème anglaise au rayon des crèmes anglaises.
Il n’est pas nécessaire de parler Anglais,
Passez à la caisse,
Reprenez le véhicule et rentrez au resto,
Mettez les brioches au congélateur,
Rangez la crème Anglaise,
Décongeler les brioches, un coup de micro-ondes en cas de rush,
Dressez au milieu de l’assiette bleue ou verte (« Dressez » signifie « poser »),
Open the English cream box,
Arrosez la brioche,
C’est prêt,
Servez,
Jouez à la calculette Puissance 10,
Saluez,
Refermez la porte.

Elle n’est pas perdue pour tout le monde.

  • Fonctionne avec le gâteau au chocolat, l’ile flottante, la tarte aux pommes, le flan, le muffin…

La prochaine fois, nous apprendrons à faire la paella « Maison ».
Des établissements « Maison ».

L’OEUF ET LA POULE

La photographie a ce charme parfois d’imposer à son auteur ses messages.
Il a des intentions.
Elle a le dernier mot.
A lui d’être humble et de chercher.

D’ailleurs, souvent, régulièrement, lorsque nous marchons, les meilleures photos sont dans notre dos.
Il ne faut pas se fier à la première « impression » de la rétine.

L’appareil photo est technique. Mais, entre le sol et le déclencheur, il n’est question que de sensibilité et de regard porté. À cet instant, le photographe se distingue des gens et sort de la foule.

Lui et l’écrivain, son alter-ego en plume, sauront extraire sur un carré, sur un rectangle, sur du papier, l’impalpable qui façonne les sentiments d’autrui du beau, du laid, du triste, du puissant…

Ils ne sont que transmetteurs d’émotions.
Aussi ne sont-ils constitués strictement que d’elles.

Que d’ailes.

En 2024, ces gens là sont à la fois en souffrance et indispensables pour apaiser les autres.

Le cinéaste sait faire « ça » aussi.

En d’autres termes, les rêveurs maintiennent  notre grande bleue en lévitation.

Sans eux, elle s’écrase.

Nous ne devons notre survie, notre goût du lendemain que à nos rêves et à ceux qui les initient et à ceux qui les entretiennent.

La science n’est qu’un corollaire au sensible.

Et non l’inverse.