ÉPHÉMÈRE POUR LONGTEMPS

Coup d’œil en arrière, clin d’œil au présent,
Au plaisir inconscient,
Éphémère pour longtemps,
Coups de vents et coups de sang,

De si belles rencontres au grès du temps,
Les rires en nombres,
Éphémères pour longtemps,
Eclats survivants de nos ombres,

Être ensemble un instant, soudés souvent,
Famille un instant,
Éphémère pour longtemps,
Du bruit des bottes, le souvenir marquant,

Dans l’œil de nos vies Ouragan
Vestiges bâtisseurs,
Éphémères pour longtemps,
Caressant les veines d’ondes et de couleurs.

CAROLINE LA COCHONNE

…c’est avec le regard hagard de six heures du mat’ que l’enquête commence. Ce regard éclairant du « regard bovin ».
Il me semble de circonstances.
Fondamental de se mettre dans le cuir des personnages.
Impossible de rester en civil dans de telles situations.

L’enquête a été confiée à la BAC (Beef Anti-Criminal) à laquelle j’appartiens.

Enfilé le costume du bœuf au style antédiluvien. Nous avons franchement l’air de cons…ils ont ajouté une cloche. Pu— !.. nous ne sommes pas des vaches !…Nous ne travaillons pas chez Milka !…les administrations se caricaturent au quotidien…ces gars ne connaissent pas le terrain…Ce sont des « veau-rien » si j’osais l’écrire.

Refusée la castration…
Je fais comment après pour les enquêtes de meurtres dans les corridas ?..
Je mets quoi comme costume ?
Ça me fout les boules tiens !…

…Me voilà donc parti.
En ruminant…
…oui, professionnel jusqu’au bout des sabots.
Au poil.
J’ai même loué des mouches.

Alors, d’après les premiers éléments de l’enquête, effectivement, il apparaît bien que la Caroline serait bien une cochonne.
Une spécialiste du porc donc.
C’est bien ce qui se dit dans l’État où je suis…

(…..Silence)…

….ce qui est étonnant pour une tortue. Vous en conviendrez.

Et c’est à ce moment là que l’enquête a commencé à piétiner.
S’est mise à avancer à deux à l’heure.
Ce qui me laisse le temps de trouver un p’tit costume avec une carapace.
A rayures.
C’est mieux pour la ligne que les carreaux.
Ça me mincit.
En tout cas, « là-haut » , je les connais, avec leurs idées de camouflage, ils vont m’obliger à bouffer de la salade.

(…..Silence)…

Je continue mon enquête.
Là, je ne bouge plus.
Bientôt 8 heures de planques et de filature.
Nous avons déjà parcouru 2 mètres.

Elle avance bien cette enquête.

EN VIN

Je m’astreins avec application à un régime alcoolique végétarien.
A base de Chartreuse.

Mon foie, c’est la route des vins,
La déroute des veines,
Il devient vain de l’éponger,
Mon foie fuit,
Il est inondé de vin,
Il ne faut pas être devin,
Ni trois,
Ni vingt,
Le vin m’envahit,
Ma foi, je deviens alcoolique,
Pour les fêtes seulement,
Pas le reste du temps,
Un vigneron me l’a garanti,
Je lui fais confiance,
Il m’a con-vin-cul,
Et vingt culs nous font autant de bouteilles,
Jolie cul’lection, n’est ce pas ?
C’est le fond de l’histoire,
Mais, lorsque tu l’aperçois, c’est qu’il est sec,
Alors, ces culs de bouteilles,
Pour les voir, il faut les boire…
Pour croire, il faut boire…
…cul sec !…
En tout cas, pour moi, c’est tout bu….!

Vol d’Elle

C’est la Terre qui est belle.
Le photographe la met dans la lumière.
D’un bouton, il lui vole un instant.
Mis dans la boîte noire.
Et part avec.
L’envoie, le transmet.
Cet instant revit ailleurs.
Incroyablement, cet instant n’a cessé de battre.
Il peut être transplanté.
Et il est éternel.
Ce seul instant là.
Celui où le photographe appuie sur le déclencheur.
Cet instant, cette milliseconde, grâce à l’œil de quelqu’un, un simple vivant, devient, lui, immortel.
Il rentre au panthéon des images.

Un regard, mille frissons.

Chaque scalp de Dame Terre devient la propriété de ceux qui le regardent. Elle n’a pas donné son accord mais Elle n’a pas souffert.

En contrepartie de son immortalité, Elle donne son image éternelle à des vauriens éphémères.

Les pauvres.

Elle, Elle sera belle indéfiniment.

Et ils ne pourront la caresser que si peu de temps.

Elle donne à des fourmis.

Qui exultent comme ils peuvent. En continuant leur chemin.

Et en espérant, à chaque détour, la détrousser encore un peu plus. L’enfermer dans ce boîtier. Se l’approprier.

Une photo est un vol de terre. Un vol de faibles.

D’impuissants.

De minuscules fragments de chair posés sur les continents.
Désireux de voir et enlever ce que la terre ne leur donnera jamais.

L’éternité.

Une photo est une respiration partagée d’un instant, vieux déjà de longtemps. Un partage en secret.

En la regardant de nouveau, l’instant sort de son bocal et l’air rentre de nouveau dans chacun des poumons.

Il n’y a alors rien d’autre autour que ce trésor rectangle aux limites finies et aux interprétations illimitées.

Une photo est l’image d’un coup de foudre qui n’est pas partagé.

Tant pis, dans sa faiblesse, le photographe l’emporte quand même.

Et abuse d’Elle avec ses yeux doux.