PETIT VELO DANS LA TETE

J’attendais l’écureuil de 18h17,
Il n’est pas venu.
J’espérais un tête à tête.
Nous ne nous sommes pas vus.

J’en rêvais malgré le froid,
Pressé, l’urgence a pris le dessus,
Pressé de quoi ?
Je ne le sais plus.

Se rendre important ?
Pourtant, personne ne m’attend…
Se valoriser au milieu des bois ?
Personne ne me voit…

Nombril dans cette nature, errant,
Au cœur d’elle qui ne bouge pas,
A peine pour faire plaisir au vent,
Elle plie mais ne rompt pas,

Elle observe le silence,
Ne se défend pas.
Mais, de l’éphémère, décide l’existence.

ÉPHÉMÈRE POUR LONGTEMPS

Coup d’œil en arrière, clin d’œil au présent,
Au plaisir inconscient,
Éphémère pour longtemps,
Coups de vents et coups de sang,

De si belles rencontres au grès du temps,
Les rires en nombres,
Éphémères pour longtemps,
Eclats survivants de nos ombres,

Être ensemble un instant, soudés souvent,
Famille un instant,
Éphémère pour longtemps,
Du bruit des bottes, le souvenir marquant,

Dans l’œil de nos vies Ouragan
Vestiges bâtisseurs,
Éphémères pour longtemps,
Caressant les veines d’ondes et de couleurs.

OPEN ÂMES

Bien sûr qu’elle est sombre. Il est 16h00 et nous sommes au cœur de l’hiver rural. Loin des champs nucléaires.

Avez vous un problème avec le sombre ?

Il n’est écrit nulle part que les photos doivent être lumineuses. Nulle part sauf dans les revues à vendre et sur les murs à éclairer.

Par contre, qu’elles soient fidèles au regard ne se décrète pas; c’est leur essence.

Ainsi, je photographie ce que je vois à l’instant où je le vois : devant vous des photos assemblées avec une uniformité de ton et de lumière.

Une photographie fixe son monde à une heure précise. Pas le monde tel que nous l’idéalisons avec des couleurs et de l’éclatant. Beaucoup se trompent, d’autres en font commerce et, de nos esprits, des prostitués du regard.
Ils sont trafiquants d’âme.

Regardez là.
Attentivement.
Vous ne verrez pas la montagne blanche et vierge de vos croyances.
Vous verrez des strates.
Du sol froid au ciel inquiétant.
Avec une raie de roches figées au milieu. Sa puissance.

Vous verrez ce que je n’ai pas vu.

Regardez bien chaque photographie la prochaine fois au lieu de passer devant comme un gamin trop vite devant une boulangerie trop grande.  
Déçu de ne pas y trouver ce que vous auriez dû y trouver.
Racontez vous votre propre histoire.

EN TEMPS MASQUÉ

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...s’asseoir sur un banc quelques minutes avec toi,
et regarder les passants,

Quand y’ en a…..

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Le vent frais frotte les mollets.
Sensation terriblement grisante…j’ai presque honte…je me sens bien…
Promenade en ville. Sans masques et sans gants.
En semi-liberté. En short…Presque provoquant.
De loin, il donne l’impression « qu’il est détendu le monsieur, Maman.. ».
« Ne regarde pas, c’est un scandale. Viens, restons sur le trottoir… ».

A t’on idée de se sentir sans entraves dès lundi matin ? ….j’évite quand même les doigts à la bouche…même inondés de gel, ils se sont confrontés à un demi pouce au carré d’une porte en fer fréquentée par tout le monde…
C’est l’aventure. Mad Max est assis dans un square…si la police le cherche….
…Par contre, s’il vous plaît, prenez des gants messieurs, il est susceptible.

La liberté de l’année passée, l’année 2019, est encore sous scellés.
L’Homme n’a pas de bracelet électronique au mollet. Il est dans la tête.
Il peut ignorer, faire fi, se sentir intouchable, abandonner même.
Il reste sous bracelet électronique cérébral.

Y compris lorsque le trublion aura été vaincu.
Lorsque tu sais que des pénibles peuvent revenir chez toi, tu fermes ta maison à clefs.

Nous vivrons avec ce souvenir. Il ne s’effacera pas.
Sauf chez les imbéciles….toujours heureux, ces cons là !
Un coup de canif se soigne, se résorbe et laisse une trace violette.

Une bonne nouvelle est de ressentir que les temps heureux le seront encore plus. Le sentiment d’insouciance, lorsqu’il se présentera, libre de contrôle de ceci ou de celui-là, atteindra son paroxysme. Leur succession fera tomber le bracelet.

Je me remet en mouvement.

Le simple fait de m’écarter des gens sur un trottoir récolte un « merci » discret mais reconnaissant…Formidable. L’espoir vise à croire que cet instinct de détente peut se transformer. En « bonjour » sans anticipation et sans autre ambition que d’humaniser un croisement.

C’est alors que nous aurons repris la mesure de la cohabitation humaine.
La certitude qu’un regard ne fait pas de mal.
Qu’il n’est ni ridicule.
Ni une forme d’abaissement.
Nos anciens étaient non pas mieux élevés. Ils avaient cependant encore un temps dédié à l’autre.
Celui d’un micro-partage de l’espace et du temps.
Entre deux humains qui se croisent ici et maintenant.
Après tout, ils respirent au même endroit, au même moment.
Ils sont bien liés. Quoiqu’on en pense.
Ce n’est pas une coïncidence.

En 2020, le temps est denrée rare.
Même passé au révélateur du confinement, il n’aura pas survécu.
Il est un virus faible.
Et pourtant, il est unique libérateur.
Un respirateur du vivant.

C’est notre évolution de la performance, des valeurs et de la définition de la réussite qui nous ont mis en concurrence….
Le temps n’a rien à voir avec la compétition.
Il échappe à l’ambition.
Il ne serait que celle des faibles.

Rien n’empêche cependant un quidam de prendre une tangente.
Et de choisir d’arpenter un autre chemin.

BOUT DU NEZ

Le bonheur n’est pas « au loin ».
« Là-bas », au milieu des fleurs et de lagons.
Inutile de pédaler 8000 kilomètres.
Fantasme d’impuissance.
Qui vise à confondre la quête du beau avec celle de la quiétude.

Le bonheur ni ne se monnaye,
Ni ne s’échafaude à force d’objets et de boulimie des sens.
Le confort, si.
Ce dernier, je le nommerai « Le bonheur acquis ».

Alors que je vous parle du bonheur inné.
Le nu.
Celui des sensations de cervelle.
Ou charnelles.

HÉ-MOTS-RAGIE

Je bosse, je bosse…comme un chameau..!
…et parfois, je bosse….comme un dromadaire…

…tu vois petit, avant, le père Noël, il avait une « six-rennes »….et on l’entendait arriver…
…maintenant avec 16, on entend plus rien.
A peine si on le voit passer dans son bolide.

Parfois ne faisant qu’un tour,
Parfois errant dans ses cavernes,
Hier soir, ce Sancho Panza qu’il était encore bien bouillonnant….
….mais pas trop, sinon, y’va faire du boudin….
…Ho ho ho….!
Je me suis mis sang dessus dessous là….

…..Hé !?… Tu as essayé de faire un film X avec une tortue ?…
..moi, oui…j’ai tenté…
Un jour, je lui ai dit : « commence sans moi, je viens demain matin ! »…
… c’était bien mais le film fait 14 milliards de méga-bites….
Du coup, j’arrête….. Je vais essayer avec un moustique…

…ouais.!!..et si y’craque, l’après-midi, je fais venir l’inspection du travail, contrôle d’alcoolémie et hop ! .. je le vire !…
…pour faute de Graves…..
….et Sancerre à rien de pleurer après !

…Un ami de culture vinicole me disait récemment que la plus belle place pour une bouteille est de se trouver entre nous deux….
…..certain que, entre deux tire-bouchons comme nous,…. non, non, je vous coupe, rien à voir avec la queue….., il va se sentir bien le flacon….
…et puis, rapidement, il va sentir con. Tout court.
Il va se sentir vide….
…alors, nous lui trouverons un frère, une demi-sœur…
…il retrouvera sa vie en carton…
Alors même qu’il sera en bidons.
Les nôtres….

Assis, à table, soucieux du produit, elle me faisait remarquer délicatement que tout finit au même endroit.
Je répondis qu’il était toujours dommage de commencer les histoires par la fin.
Je préfère les commencer par la faim.

C’est décidé, je créé l’associsson « Bière fraîche ».
Associsson Loi 1664.

SO DO I

Sa popularité n’a d’égale que sa discrétion.
L’absence de projecteur lui vaut peut-être son abandon.
Ce qui n’est pas dans la lumière ne brille pas. Et ne fait pas briller.
Face glace, il se fait donc oublier,
Il n’est pas en face des trous.
Il se joue de l’œil.
Et quand bien même, en se tournant, nous le cherchons,
Un regard de biais s’arrêtera sur les rebonds,
Il s’a-raie-tera au seuil,
Par plaisir d’une part, ils sont si jolis,
Et, d’autre part, pour éviter le torticolis.
L’œil alors abandonne, fatigué,
Il concède alors à ce territoire aveugle et trop éloigné sa virginité.
C’est cependant sans compter la curiosité de certains.
Une glace, un doigt ou deux, parfois trois facilitent sa prise en main.
Il se laisse découvrir. Il accepte la lumière.
Il est là, un si beau derrière.
Un havre de paix…
Il est là, je disais,
Lui qui échappe à l’appel de la gravité,
Toujours jeune mais ridé,
Sensible, souple, ouvert,
La marque des êtres discrets,
Une fois passé le mont Pelé, une oasis au cœur du rocher,
Il trône et se laisse faire,
Il est temps alors de faire connaissance,
De créer un lien profond ou superficiel à convenance,
Et, face glace, lui envoyer nos pensées a-mis,
Lui dire, je sais où tu es,
Je sais où tu « vit ».