Les mots nous devancent et s’envolent bien plus loin que le corps,
Nous pouvons user du corps pour amener ces lettres mêlées au delà.
Lorsque le corps exulte, seuls les mots le rattrapent et l’invitent à se dépasser encore.
Mois : octobre 2018
SPERMATOZOIDE
…Le jour où tu fus premier, première.
CONJUGAISON
SURVIVRE est le plus qu’imparfait de VIVRE.
FLECHETTES
La vie a cette faculté de vous offrir des rencontres. De vous tendre des mains.
Nous l’acceptons.
La vie a cette faculté de renvoyer chacun sur son chemin.
Nous le pleurons.
Et votre cœur, de petits trous perclus,
Votre âme livide ou emportée,
S’égarent un peu plus.
SALTIMBANQUES…!
Tenez, prenez des acteurs de théâtre dramatique, des musiciens de rue,
Lorsque ces hommes et ces femmes se font applaudir à tout rompre,
Nous avons quand même le sentiment que, à cet instant,
ils et elles vivent 1000 fois plus intensément que la plupart de ceux qui tapent dans leurs mains conquises.
DU SANG ET DES MOTS
Je n’attends pas de l’écriture qu’elle me satisfasse tous les jours, une écriture sans ratures,
ce serait la sous-estimer, exiger d’elle qu’elle se soumette à mes volontés,
Lui demander de ne pas me résister, faire d’elle une esclave de papier,
Pour finalement, la déposséder de ses bosses, de ses trous, de ses tortures,
De la colère qu’elle sait emmagasiner,
De l’énergie qui, dans un stylo, finira par se vider,
et, soudain, faire de nous cet autre, avide d’un équilibre pur,
J’attends de l’écriture qu’elle fasse de moi un fou d’encre noire,
Un assassin du mal, un dérangé des mains,
Les phrases, les rythmes et les mots en poignards,
Pour frapper au cœur, évider l’odieux et ses apôtres, décapiter l’humain,
Qui, animé de haine, vide de sa bêtise, contemple ses mouroirs,
Attendez de l’écriture sa domination, espérez sa force et sa beauté,
Pour porter tout en haut l’âme du porteur d’espoir,
Et rattraper le monde. A nouveau, le soulever.
RACINES
Envoyé un bout d’Automne,
Un bout du môme,
Que j’étais, qui a poussé au milieu des branches,
En s’y accrochant les bras, le cou, les hanches,
Si souvent perché,
J’y ai découvert le silence, l’immobile et la pensée,
C’est là que je reviens inlassablement,
Et, de craquements en craquements,
Inondé de rien, tout nu habillé,
Je sais que c’est là, par les bois abrité,
Que ce corps existe,
Loin de la lumière, de la piste,
Là, au milieu du bleu, du vert, du jaune,
Au cœur du juste, les poings abandonnent,
Envahi d’air, les pieds ancrés,
Et devant toi, l’éternité.
FEU D’EDIFICE
Nous avons tous un CDD avec la planète. C’est bien.
Maintenant, il faudrait penser à les signer.
Et je connais plein de mecs qui vont être licenciés pour fautes graves.