TOUILLETTE

J’ai regardé partout : penser n’est pas taxé.

Alors, j’ai pratiqué pour voir. Pour confirmer mes recherches. Discrètement, pour ne pas me faire gauler par un adipeux de salon, un gras double du triple exemplaire, un Tanguy sec des roubignolles.

Dés fois que cela me coûte un redressement. Rien.

Alors, j’ai continué. De plus en plus. Tous les jours. Toujours rien.

Jusqu’à la découverte et l’extase complète : penser n’est même pas payant.

Par contre, s’exprimer, écrire commence vite à coûter à celui qui dépasse le monde du silence : la démocratie possède aussi ses règles et ses conventions.

D’ailleurs, il n’existe plus aucun agitateur dans notre hexagone.

A peine des amuseurs publics.

EN PASSANT …VI

N’ayant pas les moyens de l’évasion fiscale, je pratique, par le voyage ou la discussion, l’évasion sociale ; c’est l’occasion de dire aux évadés fiscaux que l’enrichissement est là sans égal : ils trouveront dans l’observation ce qui fait d’eux déjà des hommes heureux, comblés, reconnus et admirés pour leurs qualités. Et, si malgré tout, les fortunes amassées par ces artistes d’exception, ces athlètes accomplis ou ces hommes d’affaires talentueux continuaient à ne pas les satisfaire, nous ne pouvons que souhaiter à ces personnes de persévérer à se déprécier toutes seules dans le regard de leurs admirateurs.

Le statut social est finalement une graduation de valeur avec l’extrême pauvreté et l’ultra richesse à ses extrémités. Par contre, graduer la valeur des gens serait un exercice passionnant : je pense qu’il n’y a aucun lien entre les deux classements. Je me demande même si nous n’observerions pas une inversion des tendances.

La diplomatie et la politesse sont les portes d’entrée de la lâcheté.

Du Pain et des jeux.
Des Stades et des centres commerciaux.
Je ne vois pas ce qui a changé depuis la Rome antique.

Ȏ RAGE

La colère n’est pas que mauvaise conseillère.
La colère est une tempête de l’âme. La tempête emporte avec elle les feuilles; elle lave le sol.
Après son passage, le temps est suspendu.

La colère solitaire est aussi salvatrice que la colère donnée en spectacle est dévastatrice.

Alors, il faut s’isoler.

Se préparer à cet instant de démence car vous savez qu’il est là, qu’il doit survenir. Vous savez qu’il va falloir déchirer la chemise et s’insulter du regard. Il ne faut pas le laisser passer car vous en avez besoin. Il faut l’affronter sous peine de reculer encore un peu plus.

Accrochez vous à un bout de mur. Vous transpirez déjà.

Plantez vos pieds dans le sol pour vous préparer à l’affrontement de votre visage dans la glace.

Car vous allez regarder monter cette tempête dans le fond de l’œil en observant autour de vous ce silence éphémère.
Rien ne bouge. Mais, tout près maintenant, c’est une puissance immense qui vibre.
Vous sentez le vent arriver, s’engouffrer dans les bras, le haut du corps. Laissez le s’infiltrer partout.
Jusqu’à ce que les yeux, même les plus clairs, deviennent noir cyclone. Que la mâchoire soit figée et carnassière; prête, instantanément, à hurler ou à arracher.

Le vacarme commence à envahir le corps, les pieds se figent, les mains s’accrochent.

Les pupilles ont disparu. Il n’y a plus que ce noir tueur à la place des yeux : vous ne voyez plus que ces deux gouffres. Tout le reste est flou; le corps, les murs. La lumière vous aveugle.

La colère est noire et elle est en vous. Vous êtes la colère; elle vous a pris le corps et la raison. Vous êtes enfin hors de vous. D’une force incroyable. Enfin transformé par le désespoir, la tristesse, l’injustice, la jalousie, vos incapacités. Votre dégoût de vous.

Quel bonheur d’atteindre l’état second sans autre artifice qu’un dégondage hermétique du cerveau ! Une perte de soi. Seul.
Vissé au sol, chevillé des yeux.
Vous êtes une bête. De la pire des espèces.

Dans un silence total et le bruit assourdissant des mots. Car les mots arrivent. Si vite que rien ne saurait les capter, les poser. Ils sortent du ventre. Ils fusent. Un vacarme de colère. Un déchaînement qui emporte la raison, les passions, l’éducation. Ce sont les mots qui cognent, qui frappent. Les bras les accompagnent. Le corps se plie. Certains de ses mots silencieux sont capturés par la bouche, ils sortent et viennent gifler le visage. Reviennent. Rendent le regard plus noir encore.

Vous transpirez sur le torse, dans le dos.

Vous réglez vos comptes. Vous ne devez à aucun moment sortir de la transe sans avoir décidé, acté.
Vous devez cogner jusqu’à ce que cette haine se heurte à vos convictions nouvelles, à une volonté métallique.

Seul votre regard saura quand vous aurez gagné votre combat. Et tant qu’il n’est pas franc, empli de fierté, alors, vous devez relancer. Retrouver ce regard noir, coûte que coûte. Jusqu’à l’épuisement. Retrouver cet espace où la folie est mère créatrice. Ou tout ce qui dégueule sera votre nouvelle nourriture de l’esprit.

Et quand ce regard sera franc, cerné, tracé par l’effort intense de concentration, alors vos genoux vont flancher. Vous savez à ce moment que vous êtes autre.

Qu’il va falloir respecter vos engagements.

Car, seulement à cet instant, vous avez franchi un cap. Surmonté le désespoir, la tristesse, l’injustice, la jalousie, vos incapacités. Votre dégoût de vous. Vous vous êtes donné les moyens de faire autrement, d’oublier, de corriger. D’accepter pour ranger. Pour vous débloquer.
Pour changer. Pour surmonter les douleurs de l’âme.

Une telle colère ne s’improvise pas. Car elle a l’ambition du changement.
Et quand vous aurez décidé de mener cette colère, pensez la. Sentez la venir. Décidez du moment de l’implosion solitaire.

Ma prochaine se prépare. Elle est là. Créée sur le terreau d’une tristesse qui ne s’efface pas. Seule sa violence qui m’impressionne déjà retarde le moment. J’ai déjà le regard noir. L’orage monte. Les éclairs zèbrent…le vent se lève.

Mais, après son passage, les genoux certainement au sol, le temps sera suspendu.

BABORD TOUTE

Prendre le contre-pied, c’est aller dans une direction dont on ne sait rien mais dont on est certain.

 

Lu dans un article d’un quotidien sérieux que, « pour rêver un peu », le luxe serait de posséder « un téléphone ou des enceintes contenant de l’or », « une télé de 2.70 m », « un ordinateur en marbre ». En tout cas, si nous en avions les moyens, voilà « comment nous les dépenserions pour vivre comme les fortunés de la planète ».

….le Graal….

Voilà où nous en sommes.

A défaut, je me demande si peux me procurer du papier cul en soie. De la vraie soie. Celle des fortunés. Pas de la synthétique. Pas celle de la classe moyenne.

NOS ENFANTS

Au milieu des mots, des blagues, des croyances, des certitudes d’un soir,
Aussi des regrets des lendemains d’avoir voulu encore donner la leçon,
Nous sommes parfois, toi et moi, de grands bavards,
Mais, l’unique importance du moment est l’initiative de votre dernier garçon,

Dévasté, il y a deux ans,
Le visage tourné un instant vers le ciel,
Le voilà debout et le regard droit devant,
Vous l’accompagnez et voilà bien l’essentiel,

L’issue, l’histoire feront les conversations de nos lendemains,
Mais, c’est aujourd’hui qu’il faut reconnaître, qu’il faut applaudir,
Profiter du pari et du courage de ses mains,
Car c’est du risque qu’il faut se nourrir….,

…………c’est dans la seule aventure de famille, dans les seuls liens du sang,
Au risque de choquer certains, que nous écrivons nos plus belles pages,
Celles de la fierté honnête et de la satisfaction d’être bien vivant,
Celles qui sont marquées au fer rouge et dans lesquelles, pour s’extraire, nous puisons la rage,

Observant le présent, le futur et le passé autour de nous,
Reconnaissant l’inexorable issue, celle que vous avez déjà affronté,
Une réussite ou une déception auront le point commun de l’apprentissage et de l’estime de vous,
Le goût du contre-pied à un moment qui vous a étranglé,

Soyez, à l’instant, assurés que tout ce qui est à venir sera, quoi qu’il en soit, un succès.

EN PASSANT…..V

Chaque jour qui passe, j’essaie d’être moins con. C’est dur quand même. Ce naturel qui revient…

Continuez à vous regarder le nombril. A défaut d’utiliser votre cerveau, vous occuperez vos yeux et votre langue.

J’ai été longtemps enfermé dans une tête et ses croyances. Le temps résiduel d’une éducation. J’ai cru longtemps que mon univers était le plus juste et ceux qui le ralliaient ne pouvaient qu’être protégés. Pourtant tétanisé par le regard et l’opinion, j’imaginais que tout être convergeait, comme aimanté, vers ma seule personne. Ce n’étaient que pathologies.

Ceux qui savent manipuler le monde du travail comme un jouet, en se faisant plaisir puis en sachant le ranger, possèdent une clé du bien-être.