Auteur/autrice : Laurent
POINT DU DEPART
L’anxiété est une maladie mentale qui affecte tous les organes.
LEON DE LYON
Quelle belle homélie que voilà,
Sœur Alexandra.
Un vin de messe adapté,
Dans un si fragile bénitier.
Cependant, Sœur Alexandra,
Léon est là,
Et une femme dans le concile,
Voilà une pensée bien juvénile,
Pour nous autres,
Les hommes qui n’aimont que les hommes,
Dans le dos des apôtres,
Mâle et tendre la chair se consomme.
LO A LA BOUCHE
Manger bon. Boire bon chaque journée,
Tout le temps. En toutes circonstances. Printemps, Hiver, Automne, Eté.
Du sandwich à l’étoilé.
Il n’y a pas un repas délaissé.
Il n’y a pas une seule bouchée.
Qui échappent à ce besoin et à cette volonté.
Depuis toujours; tu peux compter à partir de nouveau-nés.
Depuis que nous mettons les doigts à la bouche et que nous les léchons après.
Le goût. Un sens unique de l’esprit.
Pour mettre des mots sur notre graal.
Une compensation à tout ce qui nous contrarie.
Et qui donne à la vie son aval.
POMPE AVIDE
L’égo est vexé lorsque l’amour le rejette.
Humilié lorsque l’amour change d’image,
Et là, l’égo rage.
C’est la tempête.
LA JOIE DU SILLON
Le temps lacère. Le temps rabote de la tête aux pieds,
La loi de la gravité certainement,
Le poids de nos trajectoires déjà gravées,
Au sommaire de notre parcours naissant.
Contre la joie de la photo « d’anciens temps »,
Il ne peut cependant rien effacer du tout.
Il est bêtement impuissant.
Et, sur ces rectangles, subsiste la profondeur de nous.
BACK GROUND
Une évasion, ça s’organise.
Car l’évadé(e) retourne toujours en tôle.
Alors, au mieux tu prépares ta réincarcération, plus ton évasion sera intense.
A2 LIGNE
L’océan,
Le flux et reflux perpétuels de l’eau de là-bas,
Toujours les mêmes mouvements,
Qui jamais ne se ressemblent, je crois,
Une immensité avec nos pieds enfoncés dedans,
Tes souvenirs d’enfant je vois,
En silence, ébouriffée face au vent,
Ancre du futur, espace de mémoires,
La grande bleue source de nos grands blancs,
L’océan, tour d’Ivoire,
L’océan, de sable et d’apaisements.
…GLOUB GLOUB GLOUB…
Le premier trimestre a duré 10 secondes.
Nous comptons bien des joies bien sûr. Il faudrait prendre le temps de les compter car, à cet instant, j’ai la carte mémoire brouillée.
Un trimestre de contrastes.
Un trimestre en beaucoup de noirs profonds.
Et de quelques blancs aveuglants : ma femme est vivante et notre étoile en construction.
Mais, à aucun moment, vraiment à aucun moment, l’esprit, l’intelligence, la plénitude n’ont eu leurs places : la viande est froide.
Il y a 15, 20 ans, j’imaginais la cinquantaine comme une récompense des expériences acquises.
Le point de départ d’une maîtrise confortable et du serin qui vise le sage.
En lieu et place, j’observe un corps contrarié, nu dans un océan et qui tangue avec ses bouées.
…PAN !…
« Être chassé ». Au sens d’être convoité.
Elle est particulière cette expression qui rapproche la chasse de notre propre réussite. Il y a quand même ce moment où nous sommes dans ce viseur qui surmonte une carabine à cartouches…
…. »pan…! »…et la cible est touchée. La victime à terre. La bidoche sur le billot.
Étrange parallèle. Triviale allégorie qui retrouve celle qui « met une cartouche » à l’un ou à une autre.
Être chassé. Devenir un trophée.
Un tête de cerf dans le salon.
Bizarre expression témoignant d’une satisfaction placée de l’autre côté d’un fusil…