PLUME BIO

Ce qui te permet de payer ton loyer paye ton loyer.

Voilà le socle, la dalle invisible qui séparent de l’instabilité. Ce monde où il n’y aurait que les questions du lendemain. Où la spiritualité est une vague idée. Un espoir pour les plus pensifs. Qui s’additionne à celui de gagner à l’Euro-Loto : ‘ »quand je serai riche, je disparaîtrai loin du bruit. Je redeviendrai intelligent. Connecté au temps. A l’air et à la terre »….

Voilà ce que se disent les cérébraux. 

D’autres rêvent en Maserati et compagnes ou compagnons de joie dans la piscine bleue qui déborde sur des fleurs aussi transparentes que les pots qui les portent. Nous ne jouissons pas tous avec les mêmes organes.

Ce qui te permet de payer ton loyer paye ton loyer. Mon point de vue est de ne rien lâcher. C’est le mousqueton qui permet de tenir sur la montagne verticale. La dalle. La fondation. 

Si il fallait faire un seul et unique choix pour exister, le travail serait celui-là. 

(….)

« Je n’avais pas écrit depuis si longtemps. ».
« Notre sensibilité commune a libéré la plume virtuelle et l’esprit ».
« Loin d’être impuissant, ta plume a réveillé la mienne »

« Je ne suis pas ma propre obsession. Je me suis effacée au profit des autres. Toute ma vie » : probablement, en t’effaçant au profit des autres toute ta vie, tu es devenue ta propre obsession. Sans le percevoir. Il faut un œil extérieur : il le fait par comparaison des gens qui pénètrent dans son cerveau par sa pupille. A.B. s’intoxique dans son nombril. Ces mots ne te plaisent pas. Notre relation me permet de les poser quand même. Elle n’aurait pas la même essence si je devais être complaisant. 

L’inverse fonctionne.

Ce n’est pas « mal » de devenir sa propre obsession. Cela peut devenir une difficulté sociale. C’est simplement une réaction normale de l’iceberg immergé qui, un jour, veut voir le ciel. Il se retourne…

…et j’entends que ta plume est réveillée ?

Il serait réducteur de ne la réserver qu’à un seul.

D’autant que celui-ci n’est que préoccupations. Une liste longue comme le bras. Alors, pour répondre à « tout ça », il serre les poings. Et la plume tombe.
C’est physique. 
Un cerveau hémorragique. Un poing fermé. 
Le stylo sec s’efface.

Il espère des jours meilleurs. 
Il travaille pour.
Il fait des choix de père de famille. 

Pour autant, en 2016, il s’est offert son coffre à jouets. Un espace ouvert, disponible,  quelques euros à l’année, pour déverser la spiritualité qui lui vient et qui lui reste.

Son île « intelligente » à lui.
C’est un peu là qu’il existe aussi en tant qu’individu unique. 
Il écrit. 
Il s’élève. 
Mesure l’assèchement de son âme au nombre réduit de ses versements.
Alors, il se reprend.
Part dans ses bois.
Il n’oublie pas le monde. Ne le fuit pas.
Il l’interprète. C’est tout.
Il se sent riche avec quelques euros à l’année. 
Dans une bulle hermétique. 
Qui « ne sert à rien ».
Pas plus que d’escalader avant de redescendre ou de jouer du piano debout.
Sauf, peut-être,  si il venait à disparaître, à le définir avant de l’oublier complètement. 

J’ai une veilleuse intellectuelle. 
Avec un espoir de la voir s’enflammer à volonté.
Nous n’en sommes pas là…

…Ta plume est réveillée ?

Il serait réducteur de ne la réserver qu’à un seul.

Dommage de passer à côté d’un soin thérapeutique « offert » par la nature. 

IMPUISSANT

Ingérer l’histoire d’A. B. nécessite une énergie peu commune. Elle nécessite également des compétences et une disponibilité de l’esprit. Faute de quoi elle aspire ou bien elle repousse. Tout dépend de la volonté du « receveur ». De ses capacités d’éponge.

Ce rapport existe dans le film « La Ligne Verte » avec Tom Hanks.
Le colosse noir s’épuise d’ingérer les souffrances. Avant de les évacuer. 

Ingérer l’histoire d’A. B. nécessite une énergie peu commune si nous essayons de la recracher en morceaux de propositions, de tentatives de solutions ou de soulagements.

Et cette énergie se heurte à un rideau de croyances. Comme le caillou sur un mur ou un rocher. A. B. est figée. 

Le receveur voit ses bras tomber. 

Elle est tétanisée par un « monstre » en noir et blanc. 

Alexandra cherche une place. 

Celle que son papa n’a pu lui offrir. Par ce geste courageux d’un désespoir intense.

Celle que sa maman n’a pas su ou voulu couronner. 

Celle que ce « monstre » a effacé avec son balai à poils de gros con.

Une disparition, une transparence et une mauvaise rencontre. 

Qui « marbrent » un esprit déboussolé. Au cœur d’une vie qui n’épargne que très peu et n’offre de l’extase qu’au compte-gouttes. 

Une jeune fille et une femme n’ont pas besoin de « ça ». 

Il faut être expert pour s’approcher de sa vie.

Je ne le suis pas. Déjà intensément happé par la mienne. Qui me propulse à vitesse grand V en compagnie d’un beau boulet aux pieds offert par mes propres soins.

Il faut être expert pour s’approcher de sa vie. Pour écrire les bons mots. Et ne pas en rajouter car la coupe est déjà pleine. 

Avoir des sensibilités générationelles communes ne suffit pas. 

A. B. est une obsession pour elle même. Elle veut exister à tout prix. Vite car elle n’a plus de temps à perdre. Il file et, jusque là, il lui laisse un goût amer.

En cherchant cette place, elle est tombée dans son nombril. Il est toxique de beaucoup trop dures histoires. Personne ne devrait vivre ce qu’elle a connu. Il est rayé et s’est enrayé. 

Le receveur recule à l’observation de cette paroi de verre sur laquelle pousse une « narcisse ». Jeune pousse qui s’évertue à sortir la tête de sa terre d’histoire. 

A. a emmagasiné suffisamment de forces pour sortir d’elle même et recracher « tout ça » avec une plume,  un pinceau,  un tutu. Je ne sais.

L’hypersensibilité a ses lumières. Les œuvres d’art, les films aux 6 César ne naissent pas dans les choux. Ils sont le fruit des dingos et des lunaires. On dit « Artistes » en langage bien élevé. 

Ces gens qui mettent du rose sur les cravates noires.

A. B. est une obsession pour elle même. Elle s’empoisonne. 

Elle effraie. Peu de difficultés à l’écrire lorsque ce constat, pour d’autres « vertues », concerne celui qui tient la plume.

Sortir du « moi ».

Sortir par le haut. 
En convertissant les maux en touchant le beau.
En faire un don dont tu serais la seule à connaître la source.

En s’apaisant en compagnie d’un fils devenu grand maintenant. 
Il est son île majeure. 
Celle du repos. De l’échange en construction. 

Il serait vain d’écrire qu’il faut faire abstraction de l’arbre sombre qui obstrue sa vision. Peu de difficultés à l’écrire lorsque ce constat, pour d’autres « préoccupations », concerne celui qui tient la plume.

Elle restera là. C’est la place de la haine. Elle aime son petit confort et se prélasse sous toutes ses formes.

Elle aussi, la sortir, la vomir, l’éructer par le haut. 
En convertissant les maux en touchant le beau.
En faire un don dont tu serais la seule à connaître la source.

En quittant ce nombril, tu rendras heureuse une page vierge qui attend.

(…)

Apres 4 années en cabane, voici le 29 Février. 

LA CABANE

Il aura fallu attendre un choc émotionnel.
Un vrai.
Un irréversible.
Le décès du grand-père.
Mon idole.
Mais passé à côté comme un con.
Comme un con de 20 ans, puis 30 ans. 40 ans.
Qui a voyagé, bougé, travaillé et oublié l’arbre tordu au milieu…
Et qui a oublié de lui dire.

Il aura fallu cet instant de rupture pour déconstruire 41 ans de respirations innocentes.

Pour s’interroger.

Consulter.

Comprendre.

Regarder derrière.

Analyser l’enfance.

L’éducation.

Parmi les points « forts » du personnage, « il » découvre sa naïveté.

41 ans de croyances de couleur rose.

De penser que le monde est bon et les gens autour une chance.

Une naïveté qui se décline dans le rétroviseur en multiples séances cocasses : et si beaucoup de personnes bien plus affûtées ou acidifiées par leur propre existence s’étaient bien foutu de ma gueule ?

Oh oui, c’est bien possible….au contact de l’homme, la gentillesse se prend les pieds rapidement dans la naïveté…

A 51, le doute n’est plus permis.

Je ne cherche pas une maison isolée pour rien.

LAS DUBAÏ

Perpignan, Perpignan, 1 jour d’arrêt.

10 heures de voyage au lieu de 5.

Un dos en mixé de pommes.

Pannes.

Grèves.

Au lieu d’arriver à 15h00 en première classe, ce fut à 19 en seconde en mode sardine décongelée. Sentiment de sale de la tête aux pieds.

Voilà pour ma contribution écologique au monde…je réfléchirai avant de remonter dans un train électrique.

En face de moi, dans la dernière demi-heure du voyage, un père et sa fille qui s’envolaient le lendemain, en famille, à Dubaï.
« Pour qu’elle voit ça ». Pour une semaine de vacances de consommation pure et dure. Voitures de sport. Hôtels hors normes.
Du béton en or.

Pendant une demi-heure, j’ai rencontré une personne, trentenaire avachi sur son téléphone, qui m’a totalement fait « oublier » les préoccupations environnementales. Il y a donc encore des humains qui n’accordent aucun crédit au sujet « Planète ». Strictement aucun. Pas même un voile. Zéro absolu sur le curseur de la bienveillance de l’air, de l’eau et de l’éthique.

Voilà ce qui a réveillé mon cerveau ce matin. Il a du être choqué…il a pris une claque.

Il pensait que « tout le monde » était concerné. Avait compris.
Et là, devant ses yeux ébahis, deux générations complètes qui passeront leurs sports d’hiver dans le désert.

Pendant ce temps là, U2, groupe moralisateur de notre planète, mon socle imaginaire après pif-gadget, mon béton cinquantenaire, enchaine les concerts complets dans une bulle géante climatisée à Las Vegas, ville nucléaire au milieu du désert.



PIQUE ET PIQUE ET COLEGRAM

Qui du cœur ou de l’esprit tire les ficelles en premier ?

Cela dépend bien de tes intérêts de l’instant.

L’esprit aux pieds, le premier sait être aveugle lorsqu’il est amoureux..

L’esprit, lui, sait étouffer le reste pour subsister

De l’amour étincelant à la prostitution, tu as toute la palette de leurs déséquilibres. Il n’y a pas de réponse tranchée à ton questionnement.

Je pense.

Et heureusement, si tu partais toujours de la même hypothèse, tu te tromperais une fois sur deux.

OR MASSIF

Le « handicapé » est à l’Homme ce que Kiabi est au Tee-shirt.
Nous voulons bien le porter mais pas longtemps.
A ce titre, le physique m’importe peu.
Ce qui m’intéresse est dedans.
Et, en termes d’humanité, de sensibilité et d’humilité, le « handicapé » est loin devant. Ses différences et ses souffrances lui ont ôté sa morgue et sa vanité.


DING DANG DONG

Je suis perplexe.

Tout aussi inquiet qu’excité.

Ce hasard qui fait bien les choses. Le destin dans sa tour de contrôle.

Il m’offre un tremplin. Je cours, je cours, je prends de l’élan, appui sur la planche et décolle dans ce style très particulier de celui qui part décrocher ses étoiles. Les bras et les jambes en moulinet, il monte, il monte le farfelu. L’extraverti dans son carton.
Il en train d’arracher sa tenue civile, son polo, son veston.

Mais d’où vient cette allégorie de la libération cérébrale qui veut que l’élu déchire tous ses vêtements et se retrouve torse-poil, bodybuildé comme jamais, les jambes gonflées, veinées, prêtes à  te faire parcourir le kilomètres lancé en moins de temps que nous pouvons même y penser.

Seul le caleçon et la taille n’ont pas évolués.

Nous voilà en forme de sablier.

Le Super-héros, viril à souhait, garde son sceptre d’entre-jambe originel. Pas d’extension. D’agrandissement.

Mais d’où vient cette allégorie de la libération cérébrale qui veut que le symbole, l’étendard de la fierté masculine mal placée, le fer de lance de nos guerres mondiales, soit oublié.

L’élévation se fait sans lui. Reconnaissons que, la majorité du temps, il tire vers le bas. Aucun Super-héros ne fend l’air en érection. Tu as l’image : Captain Marvel, Superman, Batman, Hulk ont tous l’air d’un con.

Le Héros male n’a pas d’attributs.
Paradoxal n’est ce pas.
Les eunuques sauvent le monde.

Je cours, je cours, je prends de l’élan, appui sur la planche et…et…je décolle…et…et……putain, qu’est ce que c’est…!?…putain, il y a une corde au bout du pied…
….putain, elle se tend, me stoppe net dans l’ascension.
En déséquilibre montant, les bras fendent l’air misérablement.
Identiques à ceux du boxeur qui a peur d’y aller.
Les mains s’accrochent à l’air. Elles ne créent que du vent.
Je m’arrête au milieu de rien.
La corde tient son rôle.
Je tombe, repars en arrière descendant.
Le plongeoir se rapproche à la vitesse de la lumière.
M’y fracasse les dents.
Sans rebondir, me voilà en descente verticale. La corde se tend.
Je pends.
Comme un gland.
Diagnostic de fissure cérébrale.
Ding Dang Dong.
On sonne.
Le serpent se dresse.
Se libère de la corde.
Recule, rentre dans sa caverne.
Sa tête dépasse.
Il attend.

SISYPHE DE JALLIEU

La reconstruction dépendra aussi, non pas de l’oubli de ton passé qui serait, comme l’abolition du sentiment de haine, une utopie, mais de ta capacité d’abandon. De son abandon dans ton quotidien. 
Dans tes transmissions aux autres. Ils portent déjà leurs fardeaux. 
Une porte se ferme.
Par surpression, une autre s’ouvre.

(—-)

Je t’invite à l’abandon.
Au sens du relâchement.

Pas à abandonner.
Abandonner, de ma perception, c’est oublier.

J’insiste sur les mots mais ils ont ce pouvoir de se ressembler parfois.
Juste physiquement.

Je t’invite à réorganiser ta hiérarchie des poupées Russes. C’est une invitation. Pas un conseil. Ou un avis. Une invitation.

J’entends la tienne. Mon meuble à moi, il vit avec moi. Il travaille avec moi. Trois cents soixante cinq jours par an sur trois cents soixante cinq.
Vingt quatre Vingt quatre. Sept sur sept.

Depuis 8 ans pour la version intégriste et 28 pour la version intégrale.

Est arrivé ce jour où, alors que j’étais en liberté, hors de cette prison plus grande, là -haut dans les nuages, l’encre dans un pipeline, ouverture 100 %, globe-trotter en Berlingo toutes options, ce meuble est venu me dire qu’il « ne me faisait plus confiance ».

La valeur fondamentale du sens à donner à nos existences.

Ce n’était pas mon objectif. Moi, je voulais voler.

En un seul mot, le bimoteur s’est crashé. Elle avait raison.

« La liberté des uns s’arrête »…bla bla bla…bla bla bla…

« Ne fais pas à autrui »…bla bla bla bla…

Alors, de cette gifle là naquit un Sisyphe en Nord-Isère. Il pousse son caillou sur lequel il a écrit à la craie « Confiance ». Il le pousse. Il le pousse. Et, dans la mesure où la confiance ne se perd qu’une fois, le caillou repart en bas.
Et Ducon, il redescend et il le pousse encore.

Car, oui, il a clairement trahi sa confiance. Il l’a galvaudée…