LA LEGION D’HORREUR

Je préfère récurer les chiottes, balayer la cour plutôt que de participer, de prés ou de loin, à la construction de la moindre vis d’une arme. Même de son étui.

Manifestement, nous n’avons pas tous, et toutes, les mêmes convictions : les industriels de l’armement et leurs salariés prostitués font le choix de leurs bonus et alimentent ceux qui, faute de cerveau, jouent avec leurs doigts.

Avec tout ça, je perds toute chance d’obtenir la légion d’honneur.

LE CHOIX DES TAS

Les élections modernes consacrent finalement la victoire des poissons rouges. Le poisson rouge garderait la mémoire d’un événement jusqu’à trois mois. Au maximum.

J’imagine les élections d’antan où les fautes étaient conservées en sous-sol.

J’imagine le faste des cérémonies qui vont honorer celui ou celle qui déshonore la fonction emblématique, l’être suprême que représente la Présidence de la République. Faut il avoir un si grand mépris de la considération des autres ou une rage si forte pour devenir le tout puissant.

Il (elle) la déshonore car, à aucun moment, le poisson rouge ne peut contempler l’être supérieur qu’il espère pour diriger et montrer la voie. Montrer l’exemple et lui faire reconnaître ses propres erreurs. Lui faire dire que, « oui, cet homme ou cette femme est bien le digne représentant de l’espèce humaine dans ce pays »…. »oui, il est bien plus grand que moi »…en conséquence de quoi, je lui donne ma voiX.

Le poisson rouge voit un homme qui réussit sa vie au prétexte de l’intérêt général.

Le jour du sacre, j’entends le brouhaha des arrières pensées, des comploteurs de la famille politique à laquelle je préfère opposer ma condition d’orphelin. Une arrière pensée de 60 millions d’hommes et femmes qui vont s’engouffrer, pour ceux qui n’y étaient pas déjà, dans la brèche de la faute pardonnée, de l’arrangement avec soi-même. Laissant le pays dans le désordre intellectuel dans lequel il est depuis notre big-bang imaginaire.

Monsieur (Madame) Le (la) Président (e), vous êtes un(e) personne d’exception mais vous n’êtes pas le repère attendu. Le référentiel du monde meilleur. C’est aussi probablement trop vous demander. Vous subissez votre éducation, la haine des ratés, le modèle de la réussite et vos envies de l’unique vie qui vous est prêtée.

Gouverner, c’est être plus fort que les autres. Ce n’est pas être plus sage.

Un poisson rouge foncé.

C’EST JUSTE SON PRÉNOM…SON PRÉNOM, C’EST JUSTE…

Je ne suis pas un justicier ; juste un excité.
La justice des hommes, par définition de la nature humaine, n’existe pas.
La justice étatique est un fantôme avec une robe noire et rouge dans un vieux manoir ; de la politique silencieuse.

Il reste alors de la justice ce rêve éveillé de voir Superman, Batman, Captain America et, mon préféré, Hulk ,sauver la planète, rétablir les droits et tordre les méchants.

Nous pouvons en déduire que Hulk, qui se transforme en monstre vert sans changer de caleçon, a un petit zizi. Ce n’est pas suffisant.
Nous pouvons en déduire aussi que le sentiment de Justice immédiate est devenu un fantasme qui fait le succès des créateurs de rêves, des artistes de l’image.

Lisons ensemble un texte d’avocat, un texte d’assureur et vous comprendrez que la justice est une parodie des mots, le paradis des esprits tordus, un vaste désert pour l’oubli, un art de contourner la vérité pour les plus habiles et les mieux payés.

Certains se plaignent de ne pas être des justiciables comme les autres : qu’ils se rassurent ; ils ne sont pas défendus non plus comme les autres.

A DEMI-MAUX

L’intelligence : outil capable de fabriquer des véhicules dits écologiques ne pouvant être conduits que par des individus dont le bilan carbone personnel est tel que ces voitures, puisqu’elles existent, devraient leur être offertes. Véhicules dont le gabarit n’a d’égal que l’égo des acquéreurs et la passion du dollar de son créateur. Cerise sur le capot, le modeste contribuable paye l’énergie de Monsieur.

Courage : capacité à concevoir la mort sur plan et dessiner les armes aux frappes chirurgicales, l’excellence de la boucherie, l’aloyau du fusil-mitrailleur. En martelant que « si c’est pas moi, ce sont les autres » et en n’oubliant pas, ce soir, en quittant le bureau, de passer au marché pour prendre du pain, du beurre et les nouilles. Faire carrière en envoyant les moins chanceux crever au nom des idées de ceux qui paradent ; au nom des peureux de salons, des gradés du petit four, des ratés de la diplomatie, des courageux de la bataille en pantoufles.

La quéquette représenterait parfaitement l’emblème du drapeau de cette intelligence qui flatte et de ce courage qui achève. Avec la taille de celle qui pense pouvoir pisser le plus loin. Mais, à bien y regarder de plus près, elle est si petite.

J’envisage d’autres définitions valorisantes du courage et de l’intelligence.

Elles se manifestent ça et là ; parfois. Remontent alors à la surface de manière éphémère la force de l’éducation, l’infini puissance de la négociation. L’écoute des envies de l’autre. Lutter contre sa propre jalousie , permettre à cet autre d’accéder à plus de confort en participant à ses réflexions, l’aider à résoudre ses dilemmes et solutionner, même partiellement, ses désaccords sont les plus belles expressions de l’intelligence et du courage mélangés. L’autre fera aussi les efforts nécessaires en échange.

Messieurs les Ministres, arrêtons d’être fier d’industrialiser les outils mortifères : ce seul sentiment de fierté ne fait qu’alimenter la compétition. Condamnons, regrettons simplement le fait d’être obligé de les produire avant que les jours ne soient meilleurs.

Que l’homme ne devienne définitivement intelligent et courageux.

Je crains de ne plus être là pour le contempler.