Madame,
Les vins de Côte-Rôtie nourrissent les croyances de toute puissance.
« Rien ne doit s’effacer à côté d’une Côte-Rôtie », pensent-ils.
Elle est au sommet de la chaîne « animale ».
Et pourtant, une bonne Côte-Rôtie est soyeuse. Douce épaisse.
Elle est un Saint Joseph avec un gros manteau de fourrure.
Rien de brutal, de masculin ou d’épais selon moi.
Très rarement tombée dans mon gosier.
Mais la certitude que ce n’est pas dans cette bouteille que je vous ferais glisser Madame.
Dans un flacon de Blanc assurément.
Écarté le blanc rond ou « beurré ».
Écarté le sucré.
Écarté le caractériel Alsacien.
Écarté le nerveux des calanques.
Ou le surpuissant alcoolique qui chauffe le gosier
Sa vigne aura poussé dans les cailloux.
Son substrat n’est pas le plus facile à entretenir.
C’est un blanc discret au nez et qui s’épanouit dans celui qui aura la patience de le « faire tourner ». Il finira par exhaler un univers floral toujours discret d’acacia, de jasmin. Discret et élégant.
Distingué au point de nous inviter à nous redresser.
Il n’est pas prétentieux mais il prétexte un accord exigeant.
Les bouclettes, ce n’est pas si commun.
Ce vin captera leur dynamique. Leur tension ronde.
Il accompagnera une assiette jouant avec les acidités maîtrisées.
Le plat sera blanc et vert essentiellement.
Le vin aura ses reflets jaunes discrets.
Il nécessite un palais vierge au départ de la dégustation.
Et c’est le mélange avec la nourriture qui fera de lui une addiction.
En Touraine forte de son chenin, en Haute-Savoie et son gringet, à la frontière de l’Aude et des Pyrénées-Orientales où se marient grenaches et maccabeu, en Corse, il me semble que ces vins existent.
Mon palais, lui, les associe à votre personnalité.
Voilà donc pour votre mise en bouteille, Madame.