…GLOUB GLOUB GLOUB…

Le premier trimestre a duré 10 secondes.

Nous comptons bien des joies bien sûr. Il faudrait prendre le temps de les compter car, à cet instant, j’ai la carte mémoire brouillée.

Un trimestre de contrastes.
Un trimestre en beaucoup de noirs profonds.
Et de quelques blancs aveuglants : ma femme est vivante et notre étoile en construction.

Mais, à aucun moment, vraiment à aucun moment, l’esprit,  l’intelligence, la plénitude n’ont eu leurs places : la viande est froide.

Il y a 15, 20 ans, j’imaginais la cinquantaine comme une récompense des expériences acquises.

Le point de départ d’une maîtrise confortable et du serin qui vise le sage.

En lieu et place, j’observe un corps contrarié, nu dans un océan et qui tangue avec ses bouées.

…PAN !…

« Être chassé ». Au sens d’être convoité.

Elle est particulière cette expression qui rapproche la chasse de notre propre réussite. Il y a quand même ce moment où nous sommes dans ce viseur qui surmonte une carabine à cartouches…

…. »pan…! »…et la cible est touchée.  La victime à terre. La bidoche sur le billot.

Étrange parallèle. Triviale allégorie qui retrouve celle qui « met une cartouche » à l’un ou à une autre.

Être chassé. Devenir un trophée.

Un tête de cerf dans le salon.

Bizarre expression témoignant d’une satisfaction placée de l’autre côté d’un fusil…

Lettre à ma cousine Adeline

Bonjour ma cousine,

L’écriture est un outil silencieux. Une trousse à outils pleine de mots.

Plus ou moins affutés et adaptés.

Nous avons beau faire l’effort titanesque de les choisir, de les sélectionner avec les meilleures intentions, ils s’écrasent tous comme des moustiques sur un pare-brise.

Certains savent décrire : la douleur est « sèche », elle est « froide », elle est « blanche ».

Elle est à « vomir d’impuissance ».

Aucun n’a la capacité de consoler.

Aucun n’a la possibilité de nous rendre Jean-Paul.

Il n’y aurait que la raison qui permette d’enjamber l’obstacle. Une raison « sèche », la raison « froide », la raison « blanche ». Œil pour œil, dent pour dent.

Il faudrait que le vivant s’habille aussi de marbre.

Nous avons tenté de distiller un soutien avec la bouche et le cœur. « Nous avons fait de notre mieux » ; voilà le gémissement régulier des vagues qui s’écrasent en vain sur les rochers.

A 52 ans tassés, il m’est autorisé d’écrire que j’aurais aimé avoir un papa à l’image de Jean-Paul. Aimant, passionné et formateur. Qui parle et qui s’occupe de.

Heureusement et également doté de défauts pour en faire un être humain. Et, si les rencontres font les personnes, tu hérites de 40 ans d’une chaleureuse puissance.

Voilà près de dix ans que je ne parle plus au mien et la mémoire fait défaut pour t’écrire à quand remonte le dernier regard vide. Seuls deux bouteilles de vin non partagées et un mail inutile sont venus troubler l’anonymat d’une relation qui loge sur la banquise.

Jean-Paul est définitivement dans nos têtes et a pris sa place parmi les étoiles : tu peux bomber le torse car tu es et sera définitivement la fille d’un très grand Monsieur.

Qui a transmis au-delà même de ce que vos yeux ont observé.

Il n’a pas été épargné. Ni par la méchanceté des uns. Ni par la bêtise d’autres.

Il a offert à sa famille, à des hommes et des femmes, de la joie, de l’agitation, des rires, de la méthode, du goût, du savoir, des bonnes intentions.

Il a protégé. Jonglé. Amorti.

Il a gagné chaque concours de tomates farcies.

Il a enfin même rendu à certains un bout de confiance et de fierté. J’en fais partie.

A chacun de ses passages, il apposait son tampon « déconneur » qui rendait à la dérision son rôle d’utilité mentale. Jean-Paul aurait dû être remboursé par la sécurité sociale.

Avec naturel, bonhommie et sans ambition personnelle.

Oui, je sais, « nous avons beau faire l’effort titanesque de choisir les mots et les arguments, de les sélectionner avec les meilleures intentions, ils s’écrasent tous comme des moustiques sur un pare-brise ».

Mais, malgré toute cette faiblesse du Larousse, je persiste et marbre ici ce courrier en clamant que « j’aurais aimé avoir un papa à l’image de Jean-Paul ».

Aucun passage dans le Sud-Ouest ne savait se faire sans passer par la case centrale de Jean-Paul et Marie-Josée. Ce réflexe aurait mérité une antériorité bien plus grande d’ailleurs.

Ma cousine, à force de trop vouloir bien faire, nous pouvons mal faire.

Alors, je suis à ton écoute pour bien faire et contribuer à surmonter.

Mais garde bien à l’esprit que « tu peux bomber le torse car tu es et sera définitivement la fille d’un très grand Monsieur ». Que nous garderons en référence dans nos quotidiens.

Tu peux bomber ce torse car tu es et sera définitivement la fille d’un humaniste qui s’ignorait sans doute.

Ton cousin Laurent.

BULLE D’AIR

Salut mon Popo,

Félicitations, chapeau.

Tu as pris ton destin en mains.

Pour de meilleurs lendemains,

Voilà la bonne nouvelle du Samedi matin.

Probablement ton cerveau,

Avait gardé cette idée dans le dos,

Pour Perrier, une bulle, un zéro,

Pour toi, une bouffée d’air marin..

Te voilà, de tes chipies, à portée de mains.

HICS !!

Certains quittent « X ».

A titre personnel, je ne l’ai jamais rejoint : pour une fois que je suis en avance…

J’aurais préféré « Z », sauveur et correcteur des injustices.

Mais « X », vous auriez dû réfléchir un peu…

Le « X », si tu lui plies un petit peu toutes ses extrémités, tu en retrouves une…