A DEMI-MAUX

L’intelligence : outil capable de fabriquer des véhicules dits écologiques ne pouvant être conduits que par des individus dont le bilan carbone personnel est tel que ces voitures, puisqu’elles existent, devraient leur être offertes. Véhicules dont le gabarit n’a d’égal que l’égo des acquéreurs et la passion du dollar de son créateur. Cerise sur le capot, le modeste contribuable paye l’énergie de Monsieur.

Courage : capacité à concevoir la mort sur plan et dessiner les armes aux frappes chirurgicales, l’excellence de la boucherie, l’aloyau du fusil-mitrailleur. En martelant que « si c’est pas moi, ce sont les autres » et en n’oubliant pas, ce soir, en quittant le bureau, de passer au marché pour prendre du pain, du beurre et les nouilles. Faire carrière en envoyant les moins chanceux crever au nom des idées de ceux qui paradent ; au nom des peureux de salons, des gradés du petit four, des ratés de la diplomatie, des courageux de la bataille en pantoufles.

La quéquette représenterait parfaitement l’emblème du drapeau de cette intelligence qui flatte et de ce courage qui achève. Avec la taille de celle qui pense pouvoir pisser le plus loin. Mais, à bien y regarder de plus près, elle est si petite.

J’envisage d’autres définitions valorisantes du courage et de l’intelligence.

Elles se manifestent ça et là ; parfois. Remontent alors à la surface de manière éphémère la force de l’éducation, l’infini puissance de la négociation. L’écoute des envies de l’autre. Lutter contre sa propre jalousie , permettre à cet autre d’accéder à plus de confort en participant à ses réflexions, l’aider à résoudre ses dilemmes et solutionner, même partiellement, ses désaccords sont les plus belles expressions de l’intelligence et du courage mélangés. L’autre fera aussi les efforts nécessaires en échange.

Messieurs les Ministres, arrêtons d’être fier d’industrialiser les outils mortifères : ce seul sentiment de fierté ne fait qu’alimenter la compétition. Condamnons, regrettons simplement le fait d’être obligé de les produire avant que les jours ne soient meilleurs.

Que l’homme ne devienne définitivement intelligent et courageux.

Je crains de ne plus être là pour le contempler.

EN PASSANT….VIII

.. Lu sur un site d’offre d’emplois  » Je suis à la recherche d’une personne sérieuse pour récupérer mes enfants à la sortie de l’Ecole. Rémunération 7-10 €/h (A négocier…) »….Quand on sait que nos enfants représentent ce que nous avons de plus cher….Le sérieux ne paye plus, ma petite dame ! 

Je me suis garé récemment à coté d’un camion qui était tellement rouillé que, en ouvrant les portières, j’ai veillé à ne pas les heurter. De peur que ma bagnole chope le tétanos.

L’argent n’est pas important. Quand on en a assez.

ECHECS et STRATES

Il n’y a pas d’autre échec que l’échec d’une relation entre humains,
Au crépuscule d’une vie, pas d’autre échec véritable,
Un coup de sang, un coup de cœur, le joug de l’éducation séparent les mains,
Et rien ne répare l’inévitable.

…..

Et si un être humain était congelé lors de son départ ? Ressorti 100 000 ans après pour être exploré, comme nous savons sonder les glaces de l’Arctique. Pensez vous que nous puissions distinguer les strates de ses différents échecs et succès au cours du temps ?

BEURRE NAOUTE

Une amie m’écrivait que le monde du travail ne peut seul être responsable de nos « pétages de plomb ».

Là, il y a du lourd. Sujet national.

Elle a raison.  Nous parlions récemment du « MONDE DES GIGABITS » et de l’urgence comme seul échappatoire à une communication défaillante. Comme une fuite en avant. Qui nous donne l’apparence de l’important mais, en réalité, nous renvoie à la transparence.

Pour ce qui est du « pétage de plomb », un seul mot va venir aussi anéantir le débat, résumer toute situation… :  le burnout. 

Deux mots en guise d’analyse sociale.

Prononcer « Beuuurre naouteu ». Très élégant, le chic anglais ; peut se prononcer en soirée avec une verre de champagne à la main droite et un petit four saumon dans la gauche.

Pendant que, quelque part, le sujet dont nous parlons, entre autres choses, est en train de finir de brûler ou de se consumer sur place….Le « Beuuurre naouteu », c’est « le cancer du bras droit » de Coluche ; la maladie un peu classe dont on doit parler en société ;  grave mais « qu’on meurt pas avec ». Nous le voyons bien l’individu. Noir de la tête aux pieds, les cheveux en guise de mèche, valises à la main et sous les yeux.

Et cet individu n’est jamais qu’un rempart de moins avant que le feu ne se propage jusqu’à nous. Jusqu’au jour où il te lèche les pieds.

Mon amie a raison car chaque individu arrive dans le monde du travail avec ses qualités, ses déficiences, ses forces et ses très gros défauts. Avec ses fractures, ses lacunes ou une éducation involontaire mais bien pourrie.

Elle a raison : l’entreprise n’est pas LE coupable. L’entreprise peut être UNE étincelle. Et l’homme, son salarié dans le rôle de carburant : un bûcher, un jerrycan d’essence, une bonbonne de gaz. En présence d’air ambiant (c’est bien notre cas), le comburant, lorsque l’étincelle jaillit : BOOM. L’individu disparaît. Corps et âme. Il brûle.

Il burn out de la société.

Seul le temps, le silence et la protection des autres bienveillants permettront au grand brûlé d’analyser TOUTES les causes. Mais cela ne peut être qu’un travail personnel et d’honnêteté car il faut chercher la plus grosse faille du bûcher, du jerrycan, de la bonbonne : il faut se critiquer.

Ce n’est pas simple quand tu es en cendres de s’avouer que tu partages le problème. Le passage est obligé car le plus important n’est pas le regard des autres, c’est de se comprendre.

Mais, si tu fais ce bout de chemin, n’oublions pas le « plaisir » de dénoncer l’autre coté du chemin. L’étincelle. Elle a parfois un visage collectif comme les effets de groupe, les moqueries de groupes. Un visage individuel comme le harcèlement moral, physique voire sexuel pour les derniers attardés de ce nouveau siècle.

Et, à cet instant, l’auteur parle de lui car son amie a touché un point sensible : j’écrase la mine de mon crayon sur la feuille. J’ai échappé au « Beuuurre naouteu ». Je l’ai vu venir. Je suis parti avec discrétion avant de faire des erreurs grossières. Avant la vulgarité des situations. Mais sans aucune préparation préalable. La décision s’est prise en 5 secondes, aussi rapidement que celle du rugbyman qui se casse les deux jambes après 15 ans de pratique et sans avoir fait autre chose. Ni même pensé à autre chose.

Depuis, je travaille sur mon jerrycan. Je cherche. Je trouve. Je corrige. Ce faisant, nous constatons d’autres erreurs, d’autres échecs ou ratages : il y a bien quelques problèmes dans ce jerrycan…

Mais je n’ai pas oublié « mon » étincelle. Elle me hante encore car le temps permet de refaire le puzzle et de valider la version. La haine de la petite fiotte qui me servait de supérieur hiérarchique est tenace. La colère en face de la lâcheté permanente est intacte.

Car cette totale absence de prise de responsabilité a des conséquences sur ceux qu’il est censé encadrer et sur la crédibilité d’un employeur chez ses clients. Pire, elle avait pour vocation de ne pas abîmer le personnage en vue de conquêtes personnelles futures.

Mon amie a raison : je crois qu’il faut du temps pour que nos blessures se cicatrisent et que l’on puisse passer à autre chose, quand il s’agit de conflit et d’injustice ressentie.

Nous pouvons nous corriger et aborder une autre tranche de vie avec plus de maîtrise. Mais l’oubli n’est pas dans mon vocabulaire.

Fasse que l’individu concerné ne croise pas le chemin d’un brûlé au 1er degré.

EN PASSANT …VII

La vie est une condamnation à perpétuité : nous sommes enfermés dans notre corps. Nous n’en sortons jamais et il décide de tout. Nous l’oublions en permanence alors que cela devrait être un pré requis. Et, un jour, il nous condamne à mort.

 J’entends dire « La vie est une autoroute ». Bien. Je décide donc de laisser la voie de droite aux poids lourds ; je me cale sur la voie du milieu car je m’inquiète de la santé mentale des automobilistes de la voie de gauche.

DARK THOUGHTS ON THE MOON

L’exonération du comportement écologique d’un citoyen augmente avec sa richesse.

Jusqu’à l’exonération de tout d’ailleurs pour les plus méritants, les plus chanceux, les mieux nés de cette planète. L’argent en guise de passe-droit.

De sésame au mépris.

Les avions populaires décollent toutes les trente secondes.

Toute source d’énergie répondant aux exigences de la consommation de masse pollue; Il n’existe pas de miracles technologiques.

Le seul miracle serait de trouver une intelligence collective; une sorte de communisme de la sagesse.

Etre convaincu que nos seuls héros modernes sont nos maîtresses et nos chercheurs.

De regarder où nous mettons nos pieds.

La sélectivité entre les hommes et la récompense au mérite, à l’initiative ne sont pas remises en cause. Mais, dans ces conditions, les geysers à fortunés vont se tarir.

Il n’y a pas de fortune innocente.

La gouvernance devrait être confiée au respect du sol. Et à ceux qui partagent volontiers leur existence avec les générations futures.

A ceux qui ne craignent pas suffisamment leur propre mort pour vandaliser leur chemin.

Autant dire tout de suite que le comité directeur de la planète n’est pas son meilleur garant.

TOUILLETTE

J’ai regardé partout : penser n’est pas taxé.

Alors, j’ai pratiqué pour voir. Pour confirmer mes recherches. Discrètement, pour ne pas me faire gauler par un adipeux de salon, un gras double du triple exemplaire, un Tanguy sec des roubignolles.

Dés fois que cela me coûte un redressement. Rien.

Alors, j’ai continué. De plus en plus. Tous les jours. Toujours rien.

Jusqu’à la découverte et l’extase complète : penser n’est même pas payant.

Par contre, s’exprimer, écrire commence vite à coûter à celui qui dépasse le monde du silence : la démocratie possède aussi ses règles et ses conventions.

D’ailleurs, il n’existe plus aucun agitateur dans notre hexagone.

A peine des amuseurs publics.

EN PASSANT …VI

N’ayant pas les moyens de l’évasion fiscale, je pratique, par le voyage ou la discussion, l’évasion sociale ; c’est l’occasion de dire aux évadés fiscaux que l’enrichissement est là sans égal : ils trouveront dans l’observation ce qui fait d’eux déjà des hommes heureux, comblés, reconnus et admirés pour leurs qualités. Et, si malgré tout, les fortunes amassées par ces artistes d’exception, ces athlètes accomplis ou ces hommes d’affaires talentueux continuaient à ne pas les satisfaire, nous ne pouvons que souhaiter à ces personnes de persévérer à se déprécier toutes seules dans le regard de leurs admirateurs.

Le statut social est finalement une graduation de valeur avec l’extrême pauvreté et l’ultra richesse à ses extrémités. Par contre, graduer la valeur des gens serait un exercice passionnant : je pense qu’il n’y a aucun lien entre les deux classements. Je me demande même si nous n’observerions pas une inversion des tendances.

La diplomatie et la politesse sont les portes d’entrée de la lâcheté.

Du Pain et des jeux.
Des Stades et des centres commerciaux.
Je ne vois pas ce qui a changé depuis la Rome antique.