MAD’AME

L’âme est située au dessus de l’esprit.

L’esprit, lui, s’agite. C’est Monsieur. Il décide, pleure, rit, commande, se fâche, s’apaise. Il est un agitateur à 5 membres. Il frappe. Il caresse.

L’âme est la maman de l’Esprit. On dit « elle ». C’est Madame. Elle observe. Elle laisse faire les erreurs de l’esprit car elles sont formatrices, pense t’elle. Elle constate et valide les succès de Monsieur. Son esprit. Elle s’en satisfait et dit que c’est bien comme ça.

L’âme reconnaît les défauts et les qualités de l’esprit de l’Homme ou de la femme qu’il fait vivre : elle est alors mise devant le fait accompli d’être une belle âme ou bien une mauvaise.

Elle ne peut rien contre ou pour elle même. Elle ne peut rien y changer. Et s’en satisfaire.

C’est la vie, juge suprême, qui décide de garder les âmes ou de s’en défaire.

Et cette vie fait parfois des erreurs.

C’est la vie….

AU TRAIN OU L’ON VA

Sept bipèdes m’entourent.
J’observe, oreilles traversées,
Sept bipèdes qui ne se regardent pas.
Ne se touchent pas.
Ne se parlent pas.

S’ignorent même.

C’est bien là que nous en sommes,
Sept bipèdes tête baissée,
Sur un écran éclairant,
Regards lâches, fuyants,
Et la pensée dans tout ça,
Et la chaleur en moi,

Dissipe là, oublie la même,

Admets l’évolution des temps,
La tête plie, le cou bave,
Le corps se soumet, pend,
Au poids de l’écran qui, de toi, fait un esclave….

…Alors, accroche toi à la lampe,
Ne regarde pas devant,
Fais semblant,
Baisse toi puis rampe.

LES MIRACULES…

…au Paradis, en sous-sol, monteront leur affaire,
Au Paradis, le sous-sol est toujours dans les nuages,

Un endroit pour ceux qui ont échappé à l’enfer,
Décoration rouge sang quand même, pour se rappeler au bon voisinage,

Un grand nuage avec des coins partout, des douches de pluie,
Des sofas de soleil, une grande bibliothèque pour se cacher,

Pour mettre du piquant au Paradis,
Du stupre dans le café, le thé,

Les contrevenants s’abandonneront indifféremment, ici et là,
Avant d’effacer, gratter le nuage,

En regardant leur forme, leur image,
Je me demande si ce n’est pas déjà fait tout ça….

CLOPIN CLOPANT

Tout descend. S’écroule et pend en vieillissant,
La loi de la gravité serait sans conteste impitoyable,
Irréversible gravité de la loi de futurs mourants,

Tu peux lutter mais avec le temps va, tout s’en va,
« La, ici, touche. Tu vois bien qu’ça descend »,
« La, j’aime bien, mais là, ça’va pas ».

Avec le temps, tout pendouille,
S’ramollit, se froisse, s’étend,
Les yeux. Les joues. Le bide, Les couilles.

« Mais…puisque les regards des autres se plissent simultanément »,
« Ce n’est pas grave », je rassure, je cafouille,
Nos déformations accompagnent le mouvement,

Les rides s’accordent le pardon,
L’image, alors, reste la même.
Et, de toi, il n’est pas question d’abandon.

L’ODEUR EST HUMAINE

Récemment, quelqu’un me dit  » tu sens bon »…

« C’est gentil » je répondais.
« Mais, il faut être honnête, je triche….. », j’ajoutais.
« …? »…
…. »Je mets du parfum. »

Les apparences sont appartenance de l’esprit.
Et là, pas question de faire tomber le masque, de gratter le vernis,
Impossible de séparer les fragrances, d’aimer le vrai,
De distinguer les contours du brut, le beau du laid.

Est ce que je sens vraiment bon ?
Moi, j’ai accès à l’intime, je sais.
Jamais les autres ne sauront,
Leur nez est emporté, leur imaginaire détourné et le miroir déformé.

Une fois habillé, parfumé, tu es autant de personnes que de sens troublés,
Et pourtant, le plus souvent raide, un corps d’abord nu,
Parfois tordu, qui se redresse pour observer, pour être vu,
Puis, pour paraître beau ou plus haut, va se courber,

Et, pour exister, va s’incliner, se cambrer, aveuglé par ses sens,
Face aux apparences.