LA LOI DU PLUS FAIBLE

Que l’Homme qui se redresse chaque matin,
En pensant au-delà de lui lève haut les mains.

Éphémère exsangue de pensées de demain,
Sa sphère, éternelle, évide à coups de poings.

A la terre, à l’eau, le sang se mêlera,
D’une noire épée, le cœur de battre cessera,

Alors condamné, le plus faible aura gagné,
Ephémère mort d’égo et voracité.

LES INDIENS ET LES « COW-BOYS ».

Ce matin.
Au volant.
Dans le rétroviseur, j’observais.
L’humain.
Derrière moi donc.
Son masque sous le menton,
Pour pouvoir fumer sa clope dans son petit habitacle.

Et me disais que « tout est donc question de choix ».

En tout cas, il est des virus qui sont acceptés depuis toujours et qui touchent toutes les catégories de personnes.
Nous n’en faisons ni un fromage, ni un état de guerre.
Mais un commerce, un torrent de TVA, de prescriptions médicales et de boîtes en sapinette des Landes.

En oubliant de remercier les soignants. Ils sont là pour ça après tout…

Et les pratiquants ne se gênent pas pour souffler dans la gueule des non pratiquants au soleil des terrasses.
Ils font même autorité.
Y compris sur les poumons de nos enfants.
Et gare à la rébellion du rêveur d’air à peu près pur.
Elle sera étouffée dans le sang.

Puis vint le moment où le cancéreux du papier à rouler, le cow-boy à quatre roues jeta son mégot dégueulasse, mâchouillé, crado-baveux sur la voie publique.
Le bitume commun.
Déjà recouvert par tonnes de cet orange vieillissant, d’une autre époque.
Déjà jonché ici et là de ce résidu de certains Hommes.
Pas de tous les Hommes.

Celui-là, rasé de près à la râpe à fromage, est symbole de la force du mal.
Celle qui méprise.

Inspirés, habités par les esprits, le vent et la terre, les Sioux, les Cheyennes, les Commanches lui auraient tranché la gorge, enlevé le scalp pour moins que ça.

Je pense que les vieilles traditions se perdent.

La nature devrait se défendre.

AUTANT DE FEUILLES QUE DE SOLDATS…

…tombés.

Pourquoi la guerre, Maman ?

…..Pourquoi ? Ah……(silence)…..Tiens, ramasse ton nounours, il est tombé derrière le siège….

…Pourquoi, Maman ?…(Sourire)…(Elle se tourne). Vous savez vous ? Pourquoi la guerre ?

(Il éteint sa musique).

…..Peut être parce que, à la fin, il y a un vainqueur et un vaincu. Comme ça, on sait qui est le plus fort.
Médaille d’or et médaille d’argent…
…La guerre, c’est une compétition du pouvoir….
Vous savez, c’est l’histoire de la taille de la bite. Dit il en rigolant…(Elle bouche les oreilles du fiston en souriant)….(elle comprend).

Pardon… en gros, c’est ça. Ajoute t’il en mimant. Petite. Grande…(silence). Je caricature. Oui. Je sais.

Mais, vous savez, nous ne sommes pas loin du bout du bout. De l’histoire du début de la haine.

La quéquette (…rebouche les oreilles) est un repère dans l’exercice du pouvoir pour certains. Un prétexte à la compensation aigrie pour d’autres.

En réalité, comprenez que je vous parle de fierté. De la fierté des cons. Capable d’envoyer à la boucherie les inconnus du bataillon. En prétextant que c’est leur mission, leur rôle. « Qu’ils sont fait pour ça », « Enfin bon, c’est comme ça »… »les meilleurs s’en sortiront, vous savez… »

Et que, en aucun cas, c’est pour eux. Car eux, ils sont intelligents. Ils gouvernent. Pour le bien de tous mais bien sur pour eux. Et dans eux, il y a surtout moi, ma gueule. Cette gueule qui parfois m’insupporte. Riche et moche. Et si tu devais choisir maintenant, mon con ?
Tout autant que cette petite quéquette. Qu’il faudra bien sortir le jour J. Avouer sa disproportion avec le pouvoir que j’ai acquis, volé ou que ma famille a acheté à coups de fusils, de grandes rivières de sang, de tortures. Raffinées évidemment. Nous sommes à la cour. Les boudoirs devant les mouroirs. Les bonnes manières de l’enfer.

Leur destin ? laisser la trace de leurs décisions…. »Bien sur que j’ai raison ». Porter blason, étoiles, barrettes me rend élégant dans l’exercice de mes fonctions.
Je suis fait pour ça. J’ai été fabriqué pour ça. Pour présider aux destinées. Fils de grande lignée. J’ai le style.
Observez bien ce pas cadencé. Je montre. Reproduisez, petites gens.
Notre force est dans notre élégance. Messieurs. De la tenue, courez droit !
De la classe pour crever, nom de dieu ! Tombez en héros !
Soyez digne de moi !

Je suis celui qui conduit les autres. Au chaud, bien nourri, études de géo-stratégie.

La stratégie du plus bel enculé, oui. Le port de tête du porc.

Vas y, p’tite bite ! Mets les les bottes, connard ! Enfile ton treillis, prend ta gourde, ta ration et sors toi les doigts du fion, laisse les tes barrettes de bourgeois de guerre. Sur ton marbre. Pars avec les fils de rien, et tu fais pareil, hein, tu dis au-revoir. Dignement, hein ! Droit. Comme à l’école, froid, le casque sur le front.

Tu salues à l’équerre et tu fermes ta gueule, tu pars à la guerre.

Adieux à ta femme, tes enfants, aux parents devant la télé qui s’inquiètent.
Parce qu’eux, ils sont encore là. Mourir de vieillesse luxueuse, certainement. Mais, possiblement, sans eux. Ceux qu’ils ont inventés, élevés.
Vite, retrouver les photos. Au moins ça, bordel. Etre certain de l’image. Classer.

Refaire l’histoire avant qu’elle ne vous échappe au nom de la gloire d’un pays, d’une cause dont certains ne savent même pas comme elle s’écrit.
Signe en bas.
C’est par là, chair pour cons. Viande pour cochons.
Pas très cher à canon.

Pour nos vieux, au mieux, un mauvais souvenir. Des histoires au coin du feu, dans le salon des fous, le lit des découpés, des fracassés.
Au pire, une caisse en bois, une croix.
Y’a pas le choix.
Une médaille, mon con ! Une médaille de bravoure.
Sois fier, mon fils, ton père est là. Non, ne regarde pas. Imagine seulement. Sois fier, nom de dieu. Sois à la hauteur. Il a fait le voyage pour toi.

Pourquoi la guerre, mon fils ? Pour sauver ta planète. En inconnu, en héros.
Il n’est pas né « assez haut » pour revenir en première.
Épingler ses barrettes bleues crasseux, vertes dégueulis sur sa veste cintrée, pantalon coincé et souliers cirés.

Et pour toi, stratège de mes deux, tu te souviens de moi ? Pas de caisse de roi. Rien. Sapin.
Comme les copains. La croix blanche dans le grand champ. Comme les copains.
Le marbre, je vais te le coller dans les poches. Que ton âme reste en bas, bien moche.
Pas de faveurs, hein !

…Tu te rappelles….Tu salues à l’équerre et tu fermes ta gueule, tu restes à la guerre.

Dans le froid, l’eau qui mouille. Tu fais avec. Garde à vous ! Garde à toi ! Respire la peur, mange ta soupe. Parce que c’est là que tu les envoies, théoricien de mes deux. C’est là que la viande à canon s’assoit. Dors, pisse. Parce qu »ils sont faits pour ça, hein ? Ils sont les gardiens de la haine. Les sauveurs du mal. C’est ça !

Des mâles pour protéger ton petit cul, oui ! Quand , dans le même temps, tu rentres, chauffeur à l’appui. Au chaud de la douche, regard condescendant, satisfait de décider.
Mais, ils ne sont que les gardiens de ta haine. De ta violence. De ta vengeance.
De gras du bide, De grand con. De triple menton.

Ils portent le drapeau de ta lâcheté.

……Car, dit il (elle ne sourit plus)….plus grave que faire la guerre….c’est prendre plaisir à faire la guerre. La penser, l’instrumentaliser la guerre. La concevoir (Elle pleure).

… Ton rôle, l’élite. Et sans toi, l’élite, point de boucherie de masse. L’intelligence en chirurgie, fabriquant de décharnés, créateur d’handicapés. Docteurs en chimie, ingénieurs en charcuterie…

….aaaaah, je m’emporte. Pardon, je vous ai fait pleurer.

…c’est rien, c’est rien. Dit elle ( elle sourit).

Comment dire tout ça à nos enfants ? (Il regarde en l’air).

Trouver une explication,……(silence), ce serait presque une façon de la « justifier ». De trouver les ingrédients. Puis les réunir encore pour recommencer.

Nous nous contenterons d’expliquer que certains hommes sont des méchants.

Et de lire, relire mille fois « Le petit Prince ». C’est déjà ça de gagné.

Ecoutez, en vérité, je préfère mettre la tête dans le sable et me dire que les grandes guerres auront été des anomalies de l’ histoire. Et parce que, en sortant cette tête du sable, je pourrais vomir….

Bonne fin de journée..

Au revoir les enfants….