DING DANG DONG

Je suis perplexe.

Tout aussi inquiet qu’excité.

Ce hasard qui fait bien les choses. Le destin dans sa tour de contrôle.

Il m’offre un tremplin. Je cours, je cours, je prends de l’élan, appui sur la planche et décolle dans ce style très particulier de celui qui part décrocher ses étoiles. Les bras et les jambes en moulinet, il monte, il monte le farfelu. L’extraverti dans son carton.
Il en train d’arracher sa tenue civile, son polo, son veston.

Mais d’où vient cette allégorie de la libération cérébrale qui veut que l’élu déchire tous ses vêtements et se retrouve torse-poil, bodybuildé comme jamais, les jambes gonflées, veinées, prêtes à  te faire parcourir le kilomètres lancé en moins de temps que nous pouvons même y penser.

Seul le caleçon et la taille n’ont pas évolués.

Nous voilà en forme de sablier.

Le Super-héros, viril à souhait, garde son sceptre d’entre-jambe originel. Pas d’extension. D’agrandissement.

Mais d’où vient cette allégorie de la libération cérébrale qui veut que le symbole, l’étendard de la fierté masculine mal placée, le fer de lance de nos guerres mondiales, soit oublié.

L’élévation se fait sans lui. Reconnaissons que, la majorité du temps, il tire vers le bas. Aucun Super-héros ne fend l’air en érection. Tu as l’image : Captain Marvel, Superman, Batman, Hulk ont tous l’air d’un con.

Le Héros male n’a pas d’attributs.
Paradoxal n’est ce pas.
Les eunuques sauvent le monde.

Je cours, je cours, je prends de l’élan, appui sur la planche et…et…je décolle…et…et……putain, qu’est ce que c’est…!?…putain, il y a une corde au bout du pied…
….putain, elle se tend, me stoppe net dans l’ascension.
En déséquilibre montant, les bras fendent l’air misérablement.
Identiques à ceux du boxeur qui a peur d’y aller.
Les mains s’accrochent à l’air. Elles ne créent que du vent.
Je m’arrête au milieu de rien.
La corde tient son rôle.
Je tombe, repars en arrière descendant.
Le plongeoir se rapproche à la vitesse de la lumière.
M’y fracasse les dents.
Sans rebondir, me voilà en descente verticale. La corde se tend.
Je pends.
Comme un gland.
Diagnostic de fissure cérébrale.
Ding Dang Dong.
On sonne.
Le serpent se dresse.
Se libère de la corde.
Recule, rentre dans sa caverne.
Sa tête dépasse.
Il attend.

SISYPHE DE JALLIEU

La reconstruction dépendra aussi, non pas de l’oubli de ton passé qui serait, comme l’abolition du sentiment de haine, une utopie, mais de ta capacité d’abandon. De son abandon dans ton quotidien. 
Dans tes transmissions aux autres. Ils portent déjà leurs fardeaux. 
Une porte se ferme.
Par surpression, une autre s’ouvre.

(—-)

Je t’invite à l’abandon.
Au sens du relâchement.

Pas à abandonner.
Abandonner, de ma perception, c’est oublier.

J’insiste sur les mots mais ils ont ce pouvoir de se ressembler parfois.
Juste physiquement.

Je t’invite à réorganiser ta hiérarchie des poupées Russes. C’est une invitation. Pas un conseil. Ou un avis. Une invitation.

J’entends la tienne. Mon meuble à moi, il vit avec moi. Il travaille avec moi. Trois cents soixante cinq jours par an sur trois cents soixante cinq.
Vingt quatre Vingt quatre. Sept sur sept.

Depuis 8 ans pour la version intégriste et 28 pour la version intégrale.

Est arrivé ce jour où, alors que j’étais en liberté, hors de cette prison plus grande, là -haut dans les nuages, l’encre dans un pipeline, ouverture 100 %, globe-trotter en Berlingo toutes options, ce meuble est venu me dire qu’il « ne me faisait plus confiance ».

La valeur fondamentale du sens à donner à nos existences.

Ce n’était pas mon objectif. Moi, je voulais voler.

En un seul mot, le bimoteur s’est crashé. Elle avait raison.

« La liberté des uns s’arrête »…bla bla bla…bla bla bla…

« Ne fais pas à autrui »…bla bla bla bla…

Alors, de cette gifle là naquit un Sisyphe en Nord-Isère. Il pousse son caillou sur lequel il a écrit à la craie « Confiance ». Il le pousse. Il le pousse. Et, dans la mesure où la confiance ne se perd qu’une fois, le caillou repart en bas.
Et Ducon, il redescend et il le pousse encore.

Car, oui, il a clairement trahi sa confiance. Il l’a galvaudée…

IPER DANGEREUX

Bonjour Monsieur du Web,

Comment ! …Mon numéro de téléphone n’a pas été reconnu par ton téléphone…!!! A toutes nos années d’amitié, les machines interposent leurs incompétences…heureusement, il nous reste la chaleur humaine et rien ne pourra briser notre amour Madeleine !…

Une adresse IP est la signature qui autorise la police des airs et des frontières à identifier n’importe qui n’importe où n’importe quand.

Mais, à te lire, pas ici. Pas dans notre cas. Ici, c’est une simple suite de chiffre qui ne sert à rien du tout.

Si j’insulte numériquement mon voisin, une convocation de gendarmerie viendra récompenser ma prose dans la minute. Et ici, un inconnu, peut être même un robot, aussi con qu’inutile, se dit, deux points, ouvrez les guillemets : « Et si je réinitialisais le mot de passe de Derrieremesyeux.com. Ça va m’occuper cinq minutes et après, j’irai boire un verre d’huile en ville, ça va me dérouiller un peu. De toute façon, je m’en fous, ils ne me retrouveront jamais. Avec une seule adresse IP, qu’est ce que tu veux qu’ils en fassent ! »…

Monsieur du Web, ton univers .con, j’le comprends pas.

Il est pervers. Moi aussi, mais moi, c’est pas méchant. C’est juste pour mater quelques nichons de temps en temps. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste un peu de faiblesse humaine.

Alors, vas-y. Augmente la sécurité. Mets des bazookas à l’entrée. Un vieux tank Russe, des chiens avec des mâchoires de pelles mécaniques. Un virus mortel qui fait fondre le foie, la rate et la quéquette. Pas le cerveau, ce serait trop facile.

Mais le type, je n’imagine pas que ce soit une femme, à part peut-être Madame Thatcher, le type qui rentre dans « Derrieremesyeux.com », je le plante à l’arme blanche. Je lui fabrique 24 trous. Ça lui en fera 30 au total. J’élargis le dernier à la truelle de maçon Portugais.

Et je m’en sers de paillasson ou de bloc-urinoir.
Je ne sais pas trop, je me tripote encore.
Mais ce monsieur aura une mort digne.

Vas-y, gère. Je suis DERRIERE toi mon pote.

. com

A POINT AU COEUR

Ayant atteint ou atteignant la cinquantaine, nous n’y arrivons pas avec le même état de l’esprit.

Tu le veux libre. Avec de l’espace. Au détriment d’un fusionnel compressé.

Le mien s’est émancipé en imposant, une éternité, ce qu’il n’aurait supporté une seconde.

Ils sont oxygénés différemment.

Le premier a mis l’individu au cœur.

Le second, le cœur de l’autre.  

LIGNE BLANCHE

Elle : « J’ai une fâcheuse tendance à l’excès. L’hypersensibilité n’aide pas.
Son diagnostic me permet juste de comprendre et d’accepter. Pour mieux gérer….le manque. De ma dose. »

Lui : « Voilà qui est parfaitement décrit. Chrono-logique en boucle.
Mais, les excès, Madame, par définition, les excès sont toujours ces pas de trop.
Et ils ne sont jamais sans conséquences avec dégradation.

Nous y opposons le « vivant » comme justification du dépassement de la ligne blanche. Sauf que le dégât, la bêtise, l’erreur deviennent la preuve matérielle de l’excès. C’est d’ailleurs à cet instant que nous admettons avoir franchi la barrière. En espérant toujours la repousser plus loin. Dès fois qu’on ne la croise pas.

Le « coup de chance » de l’euphorique.
Mais elle finit par se baisser la barrière.
Toujours.
Immanquablement.
Par définition.
Puisque nous poussons toujours trop loin.

L’excès est la maladie du romantique.

Les excès sont toujours ces pas de trop…qui nous font, de temps en temps, toucher le beau. Parfois le sublime.

Voilà une jolie histoire d’addiction.

Que d’autres, les « sages », ne toucheront pas du doigt.
Car, eux, je les observe d’ici, la main au dessus du verre, ils disent : « Pas trop »…

Ils vivent en gris.
Faut-il souffrir pour voir le beau ? »

A CHAUD

Elle : « Je suis déçue de ne pas avoir pu décrocher »

Lui : « Il ne faut pas être déçue.
L’imprévu a cet avantage de la spontanéité sur le prévu.
L’incertitude, sans gravité, offre une excitation rafraichissante.
Il ne faut pas être déçue : il faut se laisser surprendre. »

DÉRISOIRE (A lire de bas en haut)

..aaaahhhh Princesse de Veyssilieu !
Tout fuel, tout flamme…
J’ai vu. J’ai lu. Tu es vaincue. 
Voilà une bien petite résistance. 

A force de fréquenter les cours d’école, le débat reste dans la cour de récré.  » Maîtresse, Maîtresse, c’est celui qui dit qui est ». Le combat devait être serré. Au final, nous le rallongeons à peine un tout petit peu. Il est à peine sucré. 

J’ai à peine branlé du chef. Le coussin qui a bougé sans doute….

….Bien. A la lecture de ces mots, je me délecte à t’imaginer chaude énervée comme une huile de friteuse. Peut-être même que j’ai eu droit à quelques noms d’oiseaux. Mais il ne seront pas répétés car nous sommes dans une cour d’école. 

Il eu fallu de la dérision pour les recevoir.
J’ai peur aujourd’hui de prendre une gifle.
 Une  » Will Smith  » comme on dit dans le jargon.
Techniquement,  c’est le plat de la main droite dans la tronche du copain. 

Dis donc Princesse, tu oublies la moitié du texte.
Tu fais des impasses.
Et ça, c’est un coup à rester en dessous de la moyenne. 
On révise, on révise sur les points forts et paf !, ça tombe à côté. Au final sur le copie, un 8/20.

Je te mets 6. Non, 5. Peut et doit mieux faire. 
J’aimerais que tu m’insultes un peu mieux. 
« Devin » ou « fermé », c’est un peu juste.
Et puis moi, les insultes, ça me fait des choses. 
A 51 ans, je prends. Et si tu ajoutes un peu de cuir et une boule dans la bouche, là, il est possible que jeunesse revienne.

Nous allons partir de l’après-guerre, 1945.

Manue, tu viens de jeter à la poubelle tout le travail des humoristes, agitateurs, comiques ou autres « chroniqueurs » depuis près 80 ans. 
Ainsi que celui des martyrs qui se poilent devant leur miroir.

Une « Charly-Hebdo » sans mitraillette.
Toi Présidente et il n’y a plus personne sur les planches. Devant elles, 3000 personnes. Autant de cas particuliers dont il ne faut pas rigoler.
Toi Présidente, au départ du spectacle, les 3000 passeront devant l’urne en mettant un mot clef : le thème qu’il ne faut pas aborder.
Le comique en prendra connaissance. 
Retirera les passages « choquants ».
Fin du spectacle. 
Bonne fin de soirée. Sauf à brailler « chatte bite poil nichon couille fion » toute la soirée.  Mais, à titre personnel, dans l’urne, je vote « non ». Je ne bande plus. Depuis un moment. Franchement, ça ne me fait pas rire les blagues sur les impuissants. 

Et Will Smith, dont je me demande où tu as lu que « [je] n’acceptes pas la réaction qu’il a eu »,  s’est confondu en excuses médiatiques. Pendant de longs mois.Il a disjoncté dans un contexte « haut de gamme ». « 

Ça », ça arrive à tout le monde. Je maintiens ma « version des faits », « ma dérision factice » : si cela était à refaire, ils le feraient ensemble. Et la maladie serait la grande perdante.

Pierre Desproges, cancereux notoire, disait :  » oui, nous pouvons rire de tout. Mais pas avec tout le monde ». J’ajoute encore une fois que « La dérision est tout l’art du clown tourmenté ». Et que « le clown, amuseur du public, est une personne sérieuse. Il a un cadre. Sinon, c’est un fou. »

Voilà, j’attends ma gifle. Debout.

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Coucou Lolo !!

Désolée de ma réponse tardive… mais on a eu des petites galères de chauffage.
Nous sommes des guenilles et sommes tombés en rade de fuel…

Nous ne voyons pas les choses de la même façon.
Mais on se retrouve sur un point. Nos discours fermés.
Tu trouves mon argumentation fermée. 
Quand je te lis, sans creuser, je me dis qu’effectivement tu as le discours de celui qui se veut ouvert. Qui ne fixe pas l’ordre des choses.

Je pense que cela est dû à tes dons d’écrivain. Tu sais manier les mots. Tu les fais briller. Pourtant, si je gratte le vernis, le discours est, me semble-t-il, plus fermé qu’on ne l’imagine.

Tu le dis, la dérision est TA religion. Cela est-il suffisant pour détenir la vérité ? Ta vérité ? En quoi ta vérité serait-elle plus valable que la mienne ?

Pour toi, la dérision ne doit pas connaitre de barrière. On ne différencie par ami/mari/ connaissance par exemple. Et que ceux que ça heurte aillent se faire voir puisque la dérision est un outil d’humanisation. Argument irréfutable. Celui qui ne fait avancer personne et qui préserve la morale. Ta morale. Ta façon de voir les choses. Ta décision d’imposer aux autres la dérision.

J’ose même te titiller en disant que tu es encore plus fermé que moi.
Avec ton analyse du cas de Will Smith.
Tu n’acceptes pas la réaction qu’il a eu. 
A tel point que tu proposes une dérision factice. Prévue en amont. Une farce.
Tu annonces même la réaction qu’aurait eue Will Smith dans cette « Dérision Factice » que tu as inventée.
Est-ce ton côté Devin ou un fermé voulant imposer sa façon de voir les choses ?

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Salut Princesse*,

Ce que tu écris a du sens. Tes questions sont cependant de type « fermées  » : elles transportent tous les gens sensés à la « bonne  » réponse : celle que tu veux entendre. 

Celle que tu ne veux absolument pas dépasser.
Celle qui préserve la morale.
Celle qui établit et fixe l’ordre des choses. 
Celle qui ne fait progresser personne. 
Celle qui ne libère pas les voies aériennes et empêche de hurler contre les injustices ou de lutter contre les peurs.
Celle qui forge les barrières puis la distance de l’absence d’oser. 
Celle qui fait la différence entre un mari, un ami et une connaissance.

Peut-être connais tu Guillaume Bats et ses poly-handicaps, Pierre Desproges et son cancer, Philippe Croizon et son tronc d’homme. 

Et tous les humoristes qui vivent (ou vivaient) autour.
Humour.
Princesse*, tu n’as pas regardé toutes les définitions du mot « dérision ».
Tu n’as pas fouillé. 
Tu nous a emmené là où tu voulais, Princesse*. 
Là où s’arrête ta croyance et que tu n’as pas voulu dépasser.
Regarde mieux. 

La dérision, en ce qui me concerne, est ma religion. Et je « prie » tous les jours.

La dérision est un outil, une méthode d’humanisation entre des hommes qui doutent, qui « galèrent », voire qui souffrent de quelque chose.

Toi, c’est la peur épidermique de la derrière étape. Il n’y a pas de raison pour qu’elle soit un frein pour « les autres ». Qui peuvent t’aider à l’appréhender par la face Sud. Je ne connais personne qui ne craigne pas la mort. Observe l’état dégradé du monde : cette peur en est la cause principale. 

Tous nos comportements sont une fuite en avant au regard d’un destin irrémédiable acquis dès la naissance. La première seconde de respiration est déjà la première seconde de moins.

Et chacun y répond à sa manière sur le curseur des objectifs personnels : du don de soi à l’holocauste.

Laurent

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Cher Lolo,

Je prends un peu de temps pour répondre à ton petit message.

Tout d’abord, je ne vais pas jurer en levant le pied droit. C’est un principe ! Ou en levant droit le pied gauche. Si tu veux. Ensuite, je viens sur ta vision de la dérision. 

Si l’on recherche la définition du mot, le Larousse indique » Moquerie dédaigneuse, raillerie mêlée de mépris, sarcasme ». Le dictionnaire de l’Académie française : « Moquerie méprisante »

A choisir, je préfère tout de même TA vision de la dérision. Mais que faut-il pour que la dérision ait l’effet escompté ? Car ça ne marche pas à tous les coups.

1-Il faut que la personne en face ait de l’humour. 

2-Le sujet abordé. Comment résonne-t-il pour la personne qui reçoit cette dérision ? Est-ce un sujet tabou ? Douloureux ? Léger ? Indifférent ?

3-Dans quel cadre cet acte de dérision est-il lancé ? Envers une personne en particulier ?  Un groupe identifié mais dont les personnes qui le composent ne le sont pas ?

  1. Parfois, il me semble avoir de l’humour…parfois non.
  2. Vendredi, [il] a lancé une petite blague qui pouvait paraître dérisoire, selon laquelle la fin du chat était imminente. Peut-être la dérision ? De mon côté, ça n’a pas fonctionné. Le sujet, et ça n’engage -je le sais bien que moi- est sensible. Globalement, le thème de la mort, même de mon chat, est délicat et même me pourrit la vie au quotidien. Ca m’obsède l’esprit. Alors, effectivement je n’arrive pas à en rire.
  3. Peut-on mettre au même niveau par exemple Patrick Timsit qui fait une blague sur les personnes trisomiques de manière générale (que chacun est libre d’écouter ou non) ou quelqu’un qui ferait la même blague directement aux parents d’un enfant trisomique ? Tu peux facilement faire la blague sur mon chat qui louche : cela te serait-il aussi facile de faire la même au mari d’une femme qui louche ou au père d’une fille qui louche ? C’est ce qui s’est passé à une cérémonie durant laquelle Will Smith a giflé l’animateur qui a fait une blague sur la coupe de sa femme. Coupe conséquence d’une maladie. Will Smith. Un mec plutôt rigolo. N’a-t-il pas d’humour ? Faut-il le blâmer de sa réaction ? Faut-il le comprendre ?

Bisous

Princesse*

* Le prénom a été modifié.